Lampadaires aux DEL: question d’ambiance

Peut-on imaginer le Vieux-Montréal baigné demain dans une ambiance de néons des années 1970 avec une teinte froide et bleuâtre?
Photo: Olivier Zuida Le Devoir Peut-on imaginer le Vieux-Montréal baigné demain dans une ambiance de néons des années 1970 avec une teinte froide et bleuâtre?

Changer 110 000 lampadaires à travers une métropole n’est pas une mince affaire, surtout lorsque ceux-ci illumineront la ville pour les 30 prochaines années.

La Direction de la santé publique (DSP) de Montréal a tranché quant à l’aspect de la santé : la lumière émise par les lampadaires DEL à 4000 kelvins ne comporterait pas de risque pour la santé même si elle représente une légère augmentation de l’exposition à la lumière bleue, comparativement aux lampadaires au sodium actuel. Avant d’amorcer un chantier aussi important, et puisque Montréal est Ville UNESCO de design, les élus se sont-ils posé la question de l’ambiance dans les rues ?

Les lampadaires proposés à 4000 kelvins diffusent une lumière bleue qui transforme les couleurs des surfaces qu’ils illuminent pour leur donner une teinte « synthétique ». Par « synthétique », on veut dire un rendu de couleurs plus froid. Un peu comme les néons à une autre époque ou encore les fluocompacts avant que ces derniers ne soient majoritairement remplacés par des lampes plus chaudes, particulièrement dans les applications où la notion d’ambiance était importante.

Peut-on imaginer le Vieux-Montréal — pour ne pas parler que de l’exemple le plus éloquent — baigné demain dans une ambiance de néons des années 1970 ? Peut-on imaginer la maçonnerie, les reliefs architecturaux, les visages des passants, tous transformés la nuit en cette teinte froide et bleuâtre, alors qu’une source plus chaude contribuerait au contraire à rendre plus attrayante la perception visuelle de ces manifestations ?

Des coloris plus chauds de lumières DEL existent déjà, mais représentent un léger surcoût en plus d’offrir une puissance un peu inférieure à celle des lampadaires proposés à 4000 kelvins. Cependant, une majorité de nos rues sont aujourd’hui trop éclairées et sont déjà une source importante de pollution lumineuse.

Montréal a un historique intéressant de promotion de la qualité de l’environnement lumineux urbain, par exemple avec le Plan lumière du Vieux-Montréal. Aussi, la Ville oeuvre présentement à l’élaboration de nouveaux standards et critères pour les arrondissements et artères de Montréal et il serait surprenant que l’esthétique n’en fasse pas partie.

Dans un tel contexte, les élus ne devraient-ils pas opter pour des lampadaires à 3000 kelvins ? Les Montréalais pourraient ainsi les remercier d’avoir donné à la ville une ambiance nocturne plus festive et plus chaleureuse, alors que s’amorcent les célébrations du 375e.

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