Qui exclut qui?

Dans l’éditorial que publiait mercredi Le Devoir (« Volte-face bienvenue », 16 novembre) sur le projet de quartier musulman à Brossard, on se réjouissait d’entendre le premier ministre rappeler que « l’inclusion va dans tous les sens. On favorise la mixité de l’habitation autant pour les communautés culturelles que pour l’habitation ».
Mais le premier ministre avait également déclaré : la discrimination, cela va dans tous les sens.
Comment ne pas se sentir discriminé quand l’éditorialiste Antoine Robitaille rappelle qu’il y a toujours des enclaves formées par des sectes qui refusent la modernité et vivent en marge de la société : « C’est le cas de communautés hassidiques du Québec, mais aussi des hutterites dans l’Ouest canadien, ou encore des amish en Pennsylvanie ».
À moins qu’Outremont soit un village éloigné dans les plaines québécoises, nous avons beaucoup de difficulté à comprendre la logique de monsieur Robitaille.
Il n’y a pas plus citadin que nous. Nous ne passons pas inaperçus dans les rues d’Outremont et nous ne récusons en rien notre appartenance à la société québécoise.
Nous avons pris et continuerons à prendre plusieurs initiatives afin de mieux assumer notre rôle dans notre société, entre autres en nous assurant que nos enfants aient une meilleure connaissance de la langue française. Et nous continuerons d’être des citoyens respectueux des lois, payant, comme tous les autres citoyens, nos taxes et nos impôts.
Alors, osons poser les vraies questions.
Si l’inclusion va dans tous les sens, comment expliquer ce rejet par une certaine élite qui nous regarde de haut à cause de nos croyances religieuses profondes ?
Comment comprendre que cette même élite, lors d’un référendum qui aura lieu dimanche, propose d’interdire l’ouverture de synagogues dans certaines rues d’Outremont sous prétexte de la revitalisation des artères commerciales de cet arrondissement ?
Nous avons demandé en vain à l’arrondissement les études qui prouvaient qu’il y a un lien entre les difficultés que connaissent les commerces de détail et la présence de nos synagogues.
Nous avons offert aux autorités de s’asseoir avec nous afin de trouver une solution acceptable à toutes les parties pour régler les problèmes que pose notre vivre-ensemble.
En vain.
Qui exclut qui ici ?
Veut-on nous ghettoïser en nous obligeant à prier dans des lieux exsangues, en retrait de l’activité de nos villes ?
Veut-on nous maintenir en marge de notre société, hors de vue de cette élite « laïcisante » et malheureusement trop souvent intolérante envers ceux qui croient encore en l’idée de Dieu ?
Nous ne vivons pas dans l’Ouest canadien ou en Pennsylvanie, mais bien dans le Québec de 2016, que nous souhaitons inclusif et non discriminatoire.