Apprendre tout au long de la vie

Parlant de la réussite éducative, le ministre de l’Éducation du Loisir et du Sport affirme, dans le document de consultation (gouvernement du Québec, 2016), « que notre réflexion doit s’inscrire dans une continuité allant de la petite enfance à l’âge adulte, où ils pourront acquérir l’autonomie nécessaire pour développer et maintenir leurs compétences tout au long de la vie ».
Cette affirmation ouvre la porte à une vision innovante de la réussite éducative qui se concrétise tout au long de la vie, dans une société fondée sur l’acquisition et le partage de savoirs. Aussi, afin de décloisonner l’apprentissage formel et non formel, nous avançons que l’apprentissage tout au long de la vie « impulse » une ouverture et une perspective intégrative, non linéaire de l’éducation et de la formation. L’apprentissage tout au long de la vie représente toute activité d’apprentissage entreprise à tout moment de la vie, dans le but d’améliorer les savoirs, savoir-faire, aptitudes, compétences ou qualifications, dans une perspective personnelle, sociale ou professionnelle.
L’application de l’apprentissage tout au long de la vie appartient surtout à l’éducation des adultes et à la formation continue, comme en témoignent la Politique gouvernementale et le Plan d’action adoptés par le gouvernement du Québec en 2002. Cette Politique a permis de mettre en place des mesures qui ont contribué à augmenter substantiellement le niveau de formation de base de la population québécoise. Par ailleurs, en enseignement supérieur, on observe des caractéristiques de plus en plus répandues d’un rapport non traditionnel aux études pour une bonne part des étudiants : ceux-ci travaillent ou étudient de plus en plus à temps partiel, changent leurs parcours de formation, interrompant leurs études pour y revenir plus tard. Ces caractéristiques militent en faveur de l’adoption d’une Politique globale de la réussite éducative, dans une perspective de formation tout au long de la vie.
Recommandations
Dans ce contexte, nos recommandations prennent appui sur quatre prémisses. Premièrement, l’apprenant et son projet de formation sont placés au centre du système éducatif. Deuxièmement, nous affirmons que « l’école » seule ne peut parvenir à augmenter de façon significative la réussite scolaire et éducative des apprenants. Troisièmement, la réussite éducative dépasse les murs du système scolaire et nécessite la collaboration étroite de nombreux acteurs et partenaires. Enfin, cette perspective de l’apprentissage laisse entendre que l’on peut apprendre en tout lieu et en tout temps et à notre rythme. Le contenu de l’apprentissage, la manière d’y accéder et le lieu de son déroulement peuvent varier en fonction de l’apprenant, de ses besoins et intérêts.
Dans notre mémoire présenté au MELS, nous avons proposé une trentaine de mesures dont les suivantes apparaissent plus structurantes.
Apporter des modifications substantielles à différentes politiques et réglementations en éducation et en formation, notamment en accordant à tous les adultes un droit à l’éducation et à la formation tout au long de la vie ; en déterminant la gratuité des services et de la formation au primaire, au secondaire et collégial (formation initiale et continue) ; en élargissant à l’enseignement supérieur la future Politique de réussite éducative ainsi que le renouvellement de la Politique de formation continue et d’éducation des adultes et le Plan d’action l’accompagnant, comme le recommande le Conseil supérieur de l’éducation depuis 2006. Enfin, en augmentant l’accès à temps partiel à la formation professionnelle et technique par des enveloppes ouvertes de financement. Dès lors, nous ne croyons pas nécessaire de prolonger la scolarité obligatoire jusqu’à 18 ans.
Valoriser le statut, la formation initiale et continue du personnel scolaire et des formateurs, notamment en relevant les conditions d’admission à l’entrée des formations initiales à l’enseignement à l’université et en adoptant, avec la collaboration de tous les partenaires, une Politique de développement professionnel des enseignants et des formateurs qui ferait une place nécessaire à la formation continue et à des mécanismes d’évaluation formative de leurs pratiques.
Prévoir une offre et des parcours éducatifs diversifiés, dont l’aménagement de transitions et de passerelles, facilite les allers et retours en éducation et en formation, notamment en déployant un système global de reconnaissance des acquis et des compétences qui deviendrait, à l’instar de la France, un droit individuel qui participe au mode de diplomation et de qualification ; en augmentant le nombre de formations en alternance. Enfin, en encourageant le regroupement des organisations et des expertises en formation à distance et l’utilisation du numérique, pour optimiser l’offre de formation.
Favoriser le développement de pratiques pédagogiques et andragogiques adaptées aux besoins des apprenants et des situations d’apprentissage tout au long de la vie, notamment en subventionnant davantage la recherche collaborative et le partenariat entre chercheurs et praticiens. À ce sujet, le Centre de transfert pour la réussite éducative au Québec joue très bien son rôle. Il ne semble donc pas nécessaire de créer un nouvel organisme, à l’instar de l’INESS.
S’assurer de l’appui, de l’engagement et de la collaboration des partenaires et de la communauté, notamment en mobilisant et regroupant, sous l’angle de la concertation et du partenariat, tous les acteurs et partenaires de la réussite éducative autour de nouvelles structures et organisations. Par exemple : une Commission nationale des partenaires pour la réussite éducative, avec des antennes régionales et des Centres locaux de ressources et de conseils pour l’aide à l’apprentissage.