Miser sur des «conditions gagnantes» claires

L’ex-ministre de la Justice Paul Bégin
Photo: Jacques Boissinot La Presse canadienne L’ex-ministre de la Justice Paul Bégin

Voici une toute nouvelle proposition pour sortir le PQ du cercle vicieux dans lequel il s’est enfermé depuis le référendum de 1995 en promettant de tenir un référendum s’il prend le pouvoir, quelles que soient les conditions de la victoire ; ou bien de ne pas en tenir un, point à la ligne ; ou encore d’en tenir un seulement quand, si, à la condition que, selon le pif du chef, etc.

Dans le premier cas, une partie importante de ceux qui ne sont pas encore convaincus du bien-fondé de la souveraineté risque de voter contre le PQ, fortement incités à agir ainsi par le Parti libéral qui, depuis plusieurs élections, se sert de la promesse comme d’un épouvantail.

Dans le deuxième cas, c’est la fin du projet souverainiste avec le PQ, quel que soit l’argumentaire avancé pour le justifier.

Dans le troisième cas, on réussit à décourager ceux qui tiennent absolument à un référendum en cas de victoire du PQ. Ces convaincus s’abstiendront de voter ou voteront pour un autre parti, s’ajoutant, dans la colonne des pertes pour le PQ, à ceux qui craignent de perdre un troisième référendum en disant que les conditions requises pour en tenir un ne sont pas réunies et qui, en conséquence, ne votent pas pour le PQ.

Voici ce que pourrait exprimer la position du Parti québécois que je propose dans les lignes suivantes :

Première option Si le PQ remporte la prochaine élection générale (octobre 2018) en obtenant 40 % et plus des votes exprimés lors de cette élection, il tiendra un référendum durant le mandat ainsi obtenu.

Seconde option Si le PQ remporte la prochaine élection générale (octobre 2018) avec moins de 40 % des votes exprimés lors de cette élection, mais que le total des votes exprimés lors de cette élection en sa faveur et des votes exprimés en faveur d’un ou de plusieurs partis prônant la souveraineté lors de cette élection est égal ou supérieur à 45 % des votes exprimés (ex. : PQ 35 %, QS 9 %, ON 1 %), le PQ tiendra un référendum durant le mandat ainsi obtenu.

Conditions gagnantes

 

Ainsi, pour la première fois, le concept de conditions gagnantes énoncé par Lucien Bouchard en 1998 et repris par la suite sous des vocables différents par Bernard Landry, André Boisclair et Pauline Marois prendrait enfin une signification concrète, précise et tangible : pour qu’il y ait référendum, il faudrait non seulement que le Parti québécois gagne l’élection générale, mais il faudrait qu’il la gagne en respectant les exigences de l’option 1 ou de l’option 2.

Pendant la campagne électorale, les candidats et les candidates du Parti québécois pourraient à nouveau, enfin, faire la promotion du programme de leur parti plutôt que d’être constamment dans l’obligation d’expliquer la position de plus en plus ambiguë de leur parti sur l’avenir du Québec. Ils pourraient rassurer les électeurs craignant un référendum perdant en leur faisant valoir que si le Parti québécois remportait les élections générales, ce dernier ne pourrait déclencher un référendum que si les conditions très exigeantes, énoncées à l’une ou l’autre des options 1 ou 2, étaient respectées.

Il me semble que c’est une proposition intéressante à faire dans le cadre de la course à la chefferie. Même si les candidats et candidates dans la course ont déjà exprimé leurs positions sur la question référendaire, rien ne les empêcherait de se prononcer sur ma proposition. De plus, les militants du parti pourront aussi se l’approprier et l’inscrire dans le programme lors du prochain congrès du Parti québécois.

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