Effervescence à Montréal, atermoiement à Québec

Pendant que Montréal se réjouit du nouveau projet de réseau de transport électrifié, Québec doit se contenter de son réseau d’autobus.
Photo: Yan Doublet Le Devoir Pendant que Montréal se réjouit du nouveau projet de réseau de transport électrifié, Québec doit se contenter de son réseau d’autobus.

La Caisse de dépôt et placement vient de présenter pour Montréal un projet de réseau de transport électrifié de grande envergure qui suscite le plus grand enthousiasme. Un concert d’éloges instantané. Bravo ! C’était attendu depuis longtemps, cela améliorera le positionnement de Montréal parmi les grandes villes de ce monde. Enfin, notre grand aéroport international sera desservi efficacement, comme partout ailleurs. On profitera de l’implantation de ce système de transport pour densifier des secteurs urbains sous-développés. On améliorera la qualité de vie de centaines de milliers de résidents et de travailleurs.

Ce qui est intéressant dans ce projet, c’est le lien qui est fait, par le système choisi et son tracé, entre desserte quotidienne et impact économique. La Caisse compte sur le potentiel de développement qui se réalisera autour des stations, et même le long du parcours, pour rentabiliser en partie le projet. Il est entendu que des subventions complémentaires importantes venues des deux gouvernements viendront assurer cette rentabilité.

Autre caractéristique primordiale : on le mettra en place au cours des cinq prochaines années, ce qui est essentiel pour profiter le plus rapidement possible de tout ce potentiel de bénéfices.

Pendant ce temps, à Québec, on tergiverse, on se replie sur des demi-mesures, on étire le temps, on mélange les priorités, bref, on n’arrive à rien. Pourtant, la Ville a présenté en 2011 (il y a cinq ans déjà) un projet de mobilité durable dont l’épine dorsale était aussi un réseau électrifié de tramways qui a suscité, de façon éphémère cependant, le même genre d’emballement.

Puis, comme cela se produit souvent à Québec, certaines critiques se sont appliquées à démolir le projet : le Québec n’a pas d’argent pour un projet aussi cher (le ministre de la Capitale-Nationale), le tracé n’est pas le bon (universitaires et organismes divers), la priorité dans la région, c’est l’élargissement des autoroutes (députés caquistes de la région, le maire lui-même, sans parler des radios poubelles).

Dépense ou investissement

 

La Ville s’est donc repliée après deux autres années d’étude sur un système moins performant, aux impacts plus intangibles et sûrement moins grands, à la vie utile moins longue, donc sur le long terme probablement aussi coûteux. Et on prendra dix ans pour l’implanter. Encore une demi-mesure. Encore un grand silence du gouvernement (sous-entendu, on vient de mettre 200 millions dans l’amphithéâtre, 30 millions dans le Diamant, 28 millions dans la place des Canotiers et bientôt 100 millions dans la troisième phase de la promenade Samuel-de-Champlain, c’est suffisant pour quelques années encore).

Comme si personne n’était convaincu que l’amélioration du transport en commun par des systèmes plus performants qu’un réseau d’autobus, aussi sophistiqué soit-il, n’était pas compatible avec la dimension et le dynamisme de Québec. Comme si personne ne comprenait au gouvernement du Québec les effets structurants et moteurs des systèmes de transport même pour des agglomérations autres que les grandes métropoles. Comme si c’était une dépense plutôt qu’un investissement. Pourtant, il y a dans le monde des centaines de villes plus petites que Québec qui sont beaucoup mieux équipées et desservies par des systèmes efficaces de haut niveau.

La proposition de tramway de 2011 s’appuyait pourtant sur les mêmes bases que celles qui ont été établies pour la proposition de la Caisse pour Montréal. Celles d’utiliser un tel projet pour maximiser le potentiel de développement urbain, faire d’une pierre deux coups, compter une rentabilité plus solide à plus long terme. C’est ainsi que l’axe Charest fut choisi, parce que c’est le long de cet axe que le potentiel de redéveloppement est le plus élevé, même dans Saint-Roch, et cela, sans compter celui du pôle de Sainte-Foy, ni celui des pôles plus à l’est, comme D’Estimauville. Ce potentiel n’existe pas le long du boulevard René-Lévesque à la haute-ville.

Mais quand la volonté politique n’existe pas ! Quand on privilégie l’automobile et les autoroutes ! Quand la population reste indifférente ! Que reste-t-il à faire ? Surtout, ne pas baisser les bras.

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