Des salades sur le boeuf

Le Devoir a publié récemment un texte intitulé « Le mythe du végétarisme » (1er avril), un texte bien écrit et une argumentation posée sur un sujet controversé : la place de la vache sur notre planète.
Le titre était provocateur et je m’attendais à une fureur environnementaliste, qui est venue avec le texte « Quand décrier le végétarisme fait patate » (8 avril), un bon résumé des dogmes de foi environnementaux et un ton qui démontre une intolérance à toute remise en question.
Je suis agronome et éleveur, et j’ai fait toute ma carrière sur une meilleure utilisation de l’herbe en production bovine pour des raisons économiques, écologiques et de plus en plus diététiques. Je suis fier que la vache soit un capteur solaire qui utilise des plantes inutiles pour l’humain. Je suis fatigué d’entendre une propagande de dénigrement sur cet animal pour justifier toutes sortes de choses, dont le végétarisme fait malheureusement trop souvent partie.
Même avec des abus de grains dans les rations de finition, il demeure que la vache et son veau ne mangent que de l’herbe, ce qui est de loin la partie la plus importante de l’alimentation des bovins.
Il est vrai que la vache produit du CO2 et du méthane, dont la quantité varie beaucoup selon les circonstances. Mais souvenez–vous que ce qu’elle mange a capté du CO2 et qu’une partie importante du carbone est stockée dans les racines. Si j’étais propagandiste pour la vache, je soulignerais ici en gros titre le danger d’une émission de carbone si le feu « pognait » dans l’herbe sèche non mangée…
Remarquez qu’on aurait de l’eau pour l’éteindre, à 3 tonnes d’eau par 200 grammes de steak, comme énoncé dans le second texte. C’est la donnée la plus étrange pour un éleveur qui doit drainer parce qu’il a trop d’eau. Il semble que cela vient d’un calcul qui inclut toute l’eau qui tombe sur un champ, même celle qui s’évapore (93 %), que la vache soit dans le pré ou pas !
Enfin, dire que la vache pollue plus que le secteur des transports, c’est « le boutte du boutte », et je me demande à qui profite cette propagande. Quand on parle de l’empreinte carbone du secteur agricole, on inclut tout, même la fabrication des tracteurs. Faites la même chose avec les bateaux, les trains, les avions et les autos, et on reparlera, des flatulences de la vache. Il n’y a rien de blanc ou noir en environnement, seulement 50 nuances de gris…