Le mythe du végétarisme

Et si tous ces végétariens avaient tort ? Et si ce grand mouvement de bonne conscience et de volonté de vouloir bien faire était basé sur une mauvaise compréhension de l’agriculture et des écosystèmes ainsi qu’une simplification des problématiques environnementales ?
Par où commencer ? Commençons par ce fameux 18 %. On répète ad nauseam dans les médias que la production de viande selon la FAO produirait 18 % des gaz à effet de serre. Le problème est que cette estimation a été révisée à 14,5 % par ce même organisme il y a maintenant trois ans. Même le Programme des Nations unies pour l’environnement (UNEP) a produit dernièrement un rapport qui estime à 11 % la contribution de gaz à effet de serre de TOUTE l’activité agricole. On commence à être loin du 18 %.
Certaines pratiques d’élevage peuvent être bénéfiques
On nous raconte que la population de ruminants est en surnombre et que ce surnombre met en péril nos écosystèmes fragiles. Mais est-ce que ça serait la façon dont nous élevons nos bovins et non le nombre qui pose problème ? On oublie que la population de ruminants était beaucoup plus grande en Amérique à l’arrivée des Européens. On estime le nombre à 75 millions de bisons, 10 millions de wapitis ainsi que des millions d’autres chevreuils, orignaux, rennes et ce n’était qu’un pâle reflet de la population de jadis. Pourtant on ne pouvait déceler aucune dégradation des sols, pollution des cours d’eau et érosion. Les endroits en Amérique où nous pouvons voir les sol les plus fertiles et ayant le plus épais d’humus sont les endroits qui ont accueilli des populations gigantesques de ruminant autrefois.
Production de protéine inefficace?
Selon certains, la production végétale serait plus efficace et l’on pourrait produire une quantité plus élevée de protéines et de calories par hectare avec du végétal qu’avec une production animale. Néanmoins, pas besoin d’une maîtrise en nutrition pour savoir que toutes les protéines et les calories ne s’équivalent pas. Les protéines végétales sont beaucoup moins bio disponibles pour le corps humain et moins complets en acide aminé. Dans une calorie de viande bovine, on retrouve un nombre incomparable de nutriments ainsi qu’un bon apport de gras saturé essentiel à une bonne santé. Donc oui, on peut produire plus de protéines et de calories avec un hectare de végétal, mais pour une qualité nutritionnelle bien moindre.
De plus, n’oublions pas qu’une grande partie des terres dans le monde ne sont pas propices à l’agriculture, mais peuvent cependant soutenir des pâturages intensifs. Donc au lieu de laisser ces terres en friche, on les utilise pour faire paître les animaux qui transforment l’herbe, indigestible par l’homme, en protéines de grande qualité tout en régénérant les sols. Ce n’est pas ce que j’appelle une exploitation inefficace des ressources.
Plusieurs recherches sérieuses démontrent qu’un pâturage intensif fait de façon adéquate est la meilleure solution pour bâtir rapidement de l’humus et ainsi séquestrer une quantité importante de carbone dans nos sol. Certains producteurs bovins aux États-Unis et dans le monde réussissent à séquestrer plus de gaz à effet de serre qu’ils n’en produisent avec leurs bétails. De quoi regarder son steak d’un autre oeil.
Bien sûr que certaines pratiques d’élevage sont encore extrêmement destructives, polluantes et cruelles. Bien sûr que couper l’Amazonie pour y faire pousser du soya à bovin est loin d’être une bonne idée. Bien sûr qu’on peut apporter plusieurs bémols aux affirmations que j’avance dans ce texte, mais je ne fais qu’effleurer la complexité des enjeux par rapport à l’agriculture et à la production de viande. Je voulais néanmoins relever que certaines pratiques d’élevages peuvent être bénéfiques pour l’environnement et que nous devons pousser le débat plus loin en ce qui concerne notre agriculture. La viande ne rime pas nécessairement avec désastre écologique. Devrions-nous arrêter de consommer de l’électricité au Québec sous prétexte que la Chine produit une partie de la sienne avec du charbon ? Le monde est très complexe et simplifier ces enjeux importants avec des statistiques fausses et des réflexions bâcler ne nous avance à rien.