L’heure du changement à l’Organisation des États américains

« Au cours de mes neuf années passées dans cette organisation, il n’y a jamais eu d’assemblée, de dialogue franc et direct avec le Secrétaire général », a déclaré à notre grande surprise une fonctionnaire, lors d’un forum participatif que nous avons organisé dans la semaine qui a suivi mon entrée en fonction en qualité de Secrétaire général. Contrairement aux organisations modernes d’aujourd’hui basées sur le savoir et l’apprentissage continu, l’Organisation des États américains (OEA) est encore enlisée dans des structures de « commandement et de contrôle ». Nous devons changer cela et nous le changerons à travers un processus durable.
Lundi s’ouvre l’Assemblée générale de l’Organisation, notre 45e et ma première en tant que Secrétaire général. Elle devrait marquer un tournant, la première étape au cours de laquelle chacun assumera les responsabilités qui lui incombent dans le processus visant à réaligner l’OEA afin qu’elle puisse être le forum politique du continent qui assure plus de droits à un plus grand nombre de personnes dans les Amériques.
Nous aurons un dialogue ouvert avec les ministres des Affaires étrangères sur l’avenir de notre institution continentale. Comme je l’ai déjà annoncé, mon administration s’est engagée à fournir d’ici à la fin de l’année les nouvelles orientations stratégiques qui, fondées sur les conseils énoncés par les ministres, serviront de base au réalignement institutionnel.
Droits de la personne et démocratie
Les États membres ont fait d’importants efforts pour parvenir à un accord en ce qui concerne la vision stratégique de l’OEA et, de ce fait, parcourir un chemin de transformation qui crée une plus grande légitimité, de la confiance et l’assurance qu’il s’agit d’une tribune partagée de façon équitable où toutes les voix sont entendues et prises en compte. Cet effort inspire mon action.
Nous devons être — et je le serai — inflexibles en ce qui concerne le respect des droits de la personne et la démocratie. Il n’y aura pas deux poids deux mesures pendant mon administration et, avant de pouvoir exiger quoi que ce soit de qui que ce soit, nous devrons être exemplaires, à commencer au sein de notre maison, en matière de transparence, tolérance, dialogue et reddition de comptes.
Nous ne pouvons pas tomber dans le piège du « faites ce que je dis et non ce que je fais ». Le temps est donc venu de cesser de nous cataloguer les uns les autres et de mettre plutôt l’accent sur ce que nous avons en commun.
Le fait d’être un continent qui suit un ambitieux chemin de paix et de démocratie alors que d’autres régions sont ravagées par des conflits n’est pas anodin. Néanmoins, nous ne pouvons pas faire preuve de complaisance, car il existe certes des imperfections, des tensions, des confrontations qui semblent interminables. Dans ces circonstances, nous devons tendre la main pour trouver un terrain d’entente, atténuer la méfiance et apporter une certitude à tous.
Services de qualité
Non seulement l’OEA est l’unique tribune qui rassemble tous les groupes sous-régionaux, mais elle possède également un énorme potentiel pour fournir des services de qualité notamment dans les domaines de la sécurité, la gouvernance, la justice, la lutte contre la corruption, l’éthique dans les politiques publiques et les systèmes électoraux.
C’est pourquoi, de concert avec les États membres et le personnel de l’Organisation, nous allons poursuivre une gestion axée sur les résultats en ce qui concerne ces domaines clés et les initiatives que nous réaliserons en coopération avec d’autres organisations multilatérales :
- École de gouvernement pour fonctionnaires et représentants de la société civile ;
- système régional de prévention des conflits ;
- système panaméricain d’éducation ;
- sécurité citoyenne dans les Amériques ;
- gestion des catastrophes naturelles en Amérique centrale et aux Caraïbes.
J’ai dit à plusieurs reprises que je n’étais pas venu à Washington pour gérer une OEA en crise, mais pour faciliter son renouveau, un processus qui, pour être durable, devra reposer sur un dialogue constant dans la recherche de consensus avec tous les groupes sous-régionaux et pays de l’Organisation.
Durant mon mandat, nous devrons mettre l’accent sur les domaines d’action prioritaires et abandonner les anciennes pratiques consistant à augmenter le nombre de mandats qui, par la suite, ne pourront être exécutés et demeureront lettre morte.
Nous voulons une OEA qui contribue au renforcement de notre continent dans le contexte mondial et qui démontre que les Amériques font véritablement partie de la solution aux problèmes mondiaux tels que le changement climatique, l’intolérance religieuse ou la crise alimentaire.
Nous nous dirigeons dans cette voie — vers le changement — et la 45e Assemblée générale constitue cette première étape essentielle de confiance mutuelle qui nous permettra de parcourir ce chemin ensemble.