Le patient au centre de nos décisions

Derrière l’hôpital de l’Enfant-Jésus à Québec
Photo: Malimage / CC Derrière l’hôpital de l’Enfant-Jésus à Québec

*Texte collectif

Certains médias ont récemment fait état d’un « rapport au ministre » qui dresse un portrait bien sombre du projet de nouveau complexe hospitalier sur le site de l’hôpital de l’Enfant-Jésus. Un portrait tellement loin de la réalité qu’il ne peut qu’être l’oeuvre de personnes qui souhaitent promouvoir leurs intérêts personnels au détriment de ceux de nos patients et de la médecine spécialisée pour l’est du Québec. On s’étonne d’ailleurs que certains y aient prêté foi sans même venir vérifier sa véracité sur le terrain.

Dans les mois qui ont précédé la décision du nouveau complexe hospitalier, des centaines de personnes ont travaillé sans relâche pour fournir au ministre un rapport de faisabilité qui évaluait les deux options. Il aurait été plus avisé de se fier à un rapport qui résulte d’un travail sérieux qu’ à une note au ministre d’un attaché politique.

Plusieurs commentaires rapportés sont complètement faux ou carrément mensongers, particulièrement en ce qui a trait au coût du projet. Comment accorder de la crédibilité à une estimation aussi farfelue des coûts que celle évoquée, sans que sa source ni la méthodologie employée soient identifiées ? Comment une seule personne peut-elle contredire aussi facilement un groupe d’experts de la Société québécoise des infrastructures, rattachée au Conseil du trésor ?

Mais ce qui nous apparaît le plus choquant est d’affirmer que ce projet n’aura qu’un faible gain clinique. C’est bien mal connaître le milieu hospitalier que d’associer le gain clinique à l’addition de quelques civières et salles d’opération.

Dans une des activités d’évaluation des besoins cliniques, qui réunissait plus de 40 personnes pendant plus de 20 heures (dont certains patients), nous avons pu réaliser à quel point la trajectoire du patient est erratique et parfois dangereuse.

Nous avons une occasion unique de nous doter d’un nouveau complexe hospitalier dont l’organisation des soins sera centrée sur les besoins du patient. C’est le leitmotiv qui est ressorti des nombreuses consultations qui ont lieu depuis l’annonce du projet et plus particulièrement depuis les derniers mois.

On ne pourra jamais contester les nombreux avantages du regroupement de la majorité des spécialités médicales à Québec : trajectoire et accessibilité simplifiée pour les patients, interaction des spécialités médicales tant sur le plan clinique qu’en recherche, augmentation de l’efficience, création d’un centre intégré de cancer pour ne nommer que ceux-là. Ce projet permettra également de consolider les services de radio-oncologie pour toute la région et l’est du Québec, puisque le site de l’Hôtel-Dieu de Québec n’offre pas les espaces nécessaires aux installations modernes maintenant requises pour traiter les patients selon les normes actuelles.

Par ailleurs, la taille projetée du nouveau complexe hospitalier n’est pas en opposition à une médecine humaine et personnalisée, principes aussi à la base de nos discussions. Et contrairement à ce qui est affirmé dans ce « rapport », jamais il n’a été question de faire plus gros qu’à Montréal ou ailleurs en Amérique du Nord — la taille du nouveau CHUM est déjà plus importante que celle de l’hôpital planifié.

Projet rassembleur

 

Le projet de nouvel hôpital sur le site de l’Enfant-Jésus suscite beaucoup d’enthousiasme au sein de l’équipe de quelque 300 personnes qui y travaillent présentement. Rarement avons-nous vu un projet aussi rassembleur au sein de la communauté médicale qui y participe et s’y investit.

Nos collègues médecins et gestionnaires et nous-mêmes sommes conscients d’avoir une occasion unique de bâtir l’hôpital de demain, en prenant appui sur les véritables besoins de nos patients. Avant même de penser superficie et volumétrie, nous acceptons de remettre en question nos façons de faire habituelles pour améliorer l’organisation des soins. Une approche encore inédite au Québec, qui ne pourra que bénéficier à nos patients.

Nous ne connaissons aucun médecin qui oserait s’associer à un projet aussi déconnecté de la réalité que celui dont on a récemment dressé le portrait, ou dont les coûts seraient si importants sans générer des avantages indéniables pour les patients. Nous connaissons trop bien les défis du réseau, car nous y sommes confrontés quotidiennement. C’est justement en raison de ces défis que nous sommes plusieurs à consacrer bon nombre d’heures à ce projet, en surcroît à notre travail clinique, pour le concevoir et le faire avancer. Car nous croyons fermement qu’il s’agit du meilleur projet pour grandement améliorer la qualité et l’accès aux soins, au grand bénéfice de nos patients, de la médecine académique et de la recherche médicale pour l’est du Québec.

* Dr Robert Delage, 
chef du service clinique d’hématologie du CHU de Québec, Dre Isabelle Germain, 
chef du Département de radio-oncologie du CHU de Québec, Dr Yves Fradet, service d’urologie du CHU de Québec, Dr Pierre Hallé, 
chef du service de gastro-entérologie du CHU de Québec, Dr Marc-André Côté, 
chef du Département de médecine du CHU de Québec, Dr Jean Rodrigue, chef du Département de radiologie du CHU de Québec

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