La Commission de vérité et réconciliation du Canada – Une enfance volée, une culture brisée

Des autochtones de la réserve de Mashteuiatsh
Photo: Source Transthéâtre Des autochtones de la réserve de Mashteuiatsh

La règle était simple : il fallait tuer l’«Indien» en eux. Leur enfance a été volée et brisée par des sévices de toutes sortes. Certains d’entre eux l’ont payé de leur vie. Les autres ont grandi, mais avec des séquelles. Aujourd’hui, tous ces anciens pensionnaires se remémorent cette époque comme autant de douloureux souvenirs. Ces enfants innocents n’avaient pourtant commis aucun crime. Pourquoi alors ont-ils subi toute cette maltraitance? Tout simplement parce qu’ils étaient des Autochtones.

Au Canada, à compter de 1870 et pendant plus d’un siècle, environ 150 000 enfants d’origine autochtone ont été retirés de leurs familles. Ils ont été placés, souvent contre la volonté de leurs parents, dans ce que l’on appelait des pensionnats indiens et ce, dans un objectif d’assimilation. Exit leurs valeurs, leurs traditions, leurs langues.

Au Québec, la mise en place des pensionnats indiens s’est fait plus tardivement que dans le reste du Canada. Au total, dix pensionnats y ont été implantés; le dernier ayant fermé ses portes en 1980. C’est comme si c’était hier.

La Commission de vérité et réconciliation du Canada a été instituée en 2007, dans le cadre de la Convention de règlement relative aux pensionnats indiens. À travers le Canada, elle offre l’occasion aux Autochtones et aux Inuits de témoigner sur les traitements qu’ils ont subis et de s’inscrire dans un processus de guérison. La Commission vise plus que tout à faciliter la réconciliation entre les anciens pensionnaires, leurs familles, leurs collectivités et l’ensemble de la population. Elle tient ses audiences au Québec depuis le mois de janvier dernier et est de passage à Montréal du 24 au 27 avril prochain.

J’assiste à cet événement car j’ai la conviction qu’il faut être très attentif à ce qu’il s’y dira si l’on veut comprendre les répercussions qui se font encore sentir aujourd’hui.

L’époque des pensionnats indiens représente une période sombre de notre histoire et la révéler au grand jour n’a certes rien d’un exercice facile, mais l’ignorer serait inacceptable. Il est de notre devoir de tendre l’oreille, d’essayer de comprendre les traumatismes vécus et de reconnaître ces événements de l’histoire récente En tant que ministre déléguée aux Affaires autochtones, le mandat que m’a confié la première ministre est de veiller aux bonnes relations entre les peuples Autochtones du Québec et l’ensemble des Québécois.

La démarche de la Commission s’inscrit dans la mission du Secrétariat aux affaires autochtones en ce qui a trait au rapprochement entre les peuples. À cet effet, je présenterai une motion à l’Assemblée nationale visant notamment à souligner la force et la persévérance de ces enfants qui, aujourd’hui, souhaitent dévoiler leur vécu au grand jour en vue de guérir leurs blessures et de voir leur histoire reconnue. Je travaille aussi à l’élaboration d’un Plan d’action québécois pour contrer le racisme et la discrimination envers les Autochtones.

L’ouverture à l’autre, l’échange et la communication sont les clés de la réussite pour que cessent le racisme et la discrimination, pour que s’ouvre une ère faite de compréhension et de respect à l’égard des Autochtones, et que se poursuive le développement de relations harmonieuses, de nation à nation.

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