Légitime défense

En lisant les journaux et en regardant les images à la télé hier matin, je me suis senti envahi d’une immense sensation de frustration. Pourquoi les médias ne parlent-ils pas de causes et d’effets ? Pourquoi ne parle-t-on pas du fait que, depuis le début de l’année, plus de 1300 roquettes et obus de mortier ont été tirés depuis la bande de Gaza sur la population civile en Israël ? Et que cette dernière vague de bombardements palestiniens a débuté samedi soir 10 novembre, lorsqu’un missile antichar a été tiré sur une jeep de l’armée israélienne circulant du côté israélien de la barrière de sécurité ? Quatre soldats de Tsahal ont alors été blessés et plus de 120 roquettes ont été tirées sur des civils israéliens en près de 24 heures.

Jusqu’à aujourd’hui, plus de 400 missiles et roquettes sont tombés sur les centres de population civile israélienne, y compris sur la métropole, Tel-Aviv. Pourquoi ne raconte-t-on pas ce que ressent Yishai de Sderot, une petite ville située près de la bande de Gaza ? Yishai a quitté son village du Gush Katif quand Israël s’est retiré totalement de la bande de Gaza en 2005. 
Espérant pouvoir y reconstruire une existence, il s’installa avec sa famille à Sderot, mais depuis, une pluie de roquettes quasi quotidienne s’abat sur cette ville. Parfois quatre, parfois douze, avec des périodes de calme de plus en plus rares. Son quotidien est entièrement paralysé, il a peur de se déplacer en ville, vérifie chaque fois qu’il n’est pas trop loin d’un abri. Yishai se fait du souci pour ses enfants qui vont à l’école : 15 secondes pour se mettre à l’abri, ce n’est pas beaucoup.



Usain Bolt court 200 mètres en 19,19 secondes. Personne au monde ne court aussi vite que lui, alors il ne faut pas s’éloigner des abris.


Mais ce n’est pas la seule histoire, on pourrait raconter celle de ces adolescents à Beer-Sheva qui dorment dans un abri souterrain parce qu’ils ont peur que les sirènes ne les réveillent pas. Car, 45 secondes, ce n’est pas long pour se mettre à l’abri. Mon fils, étudiant en médecine alternative à Tel-Aviv, est chanceux car il a une minute et demie pour se mettre à l’abri.



Comment peut-on continuer à vivre sous cette menace quotidienne ? C’est impossible et c’est pourquoi nous avons lancé cette opération, dans un acte de légitime défense, pour protéger Yishai, Ahmed, Aharon, Nethanel et tous nos citoyens contre les attaques terroristes. Jusqu’à présent, nous avions fait preuve d’une grande retenue, mais nous ne pouvions cependant nous permettre davantage de laisser faire les agressions répétées contre nos citoyens. 
Aucun État ne l’accepterait.



Le but de notre opération est clairement défini : mettre un terme à une menace stratégique pesant sur les citoyens israéliens.



Depuis 2005, les armes de contrebande en provenance de la Libye, de l’Iran et du Soudan ont accéléré le processus de transformation de Gaza en base terroriste et ont augmenté le danger pesant sur la population et émanant des tirs de missiles et de roquettes. 
Elle est aussi devenue un terrain fertile pour tous les groupes terroristes, groupes associés à al-Qaïda et au Djihad mondial.


Contrairement aux terroristes, notre armée ne vise que des objectifs militaires. Nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour éviter toute atteinte à la population civile de Gaza et déplorons tout préjudice causé aux civils. Les points de passage entre Israël et la bande de Gaza demeurent ouverts et permettent ainsi l’acheminement continu des marchandises et de l’aide humanitaire à l’intérieur de la bande de Gaza.



La communauté internationale devrait agir de manière à faire cesser les attaques contre Israël depuis la bande de Gaza sans attendre que nous soyons acculés à agir en dernier recours pour protéger nos citoyens.

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Joël Lion - Consul général d’Israël à Montréal

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