Démantèlement de Shell - La ministre Normandeau a tout faux
Comme la ministre Normandeau a choisi de ne pas informer les travailleurs directement de sa décision de permettre le démantèlement de la raffinerie de Montréal-Est, préférant qu'ils l'apprennent par les médias, c'est donc dans les médias que nous ferons connaître ce que nous pensons de sa décision et des commentaires qu'elle a formulés à cette occasion.
Quand elle dit qu'il n'a pas été possible de trouver un acheteur pour la raffinerie, elle a oublié ou omet de tenir compte de l'offre déposée par une entreprise pétrolière, pourtant jugée crédible par Shell, dont le montant se situait au maximum de la fourchette de prix donnée par Shell. C'est d'ailleurs ce qui l'a amenée à qualifier Shell d'être de mauvaise foi en commission parlementaire.Quand elle mentionne que le Québec raffine 40 000 barils de pétrole de plus que sa consommation, elle passe vite sur le fait que ces quantités sont exportées vers l'Ontario et soumises à des contrats de long terme qui ne peuvent être rompus. Elle ne tient pas compte non plus du fait que quand la reprise économique va se faire plus vigoureusement aux États-Unis, la demande industrielle ici va augmenter.
Étrange vision
Elle fait aussi fi d'une vision du développement économique, plus spécifiquement du secteur de la pétrochimie, générateur d'emplois de qualité, qui a besoin de la capacité de trois raffineries pour survivre, elle ferme les yeux sur l'effet domino de la décision de Shell sur Suncor, elle oublie que de la main droite, elle s'apprête à autoriser l'exploitation du gisement d'Old Harry. À moins bien sûr que sa vision de la politique énergétique soit de pomper le pétrole dans le Golfe St-Laurent pour le faire raffiner aux États-Unis, créant de la richesse et des emplois là-bas plutôt qu'ici, ce qui est tout à fait inconcevable.
En fait, cela relève d'une vision tiers-mondiste de l'économie, où on exploite des ressources qui sont transformées ailleurs. Cela va précisément à l'encontre du but de la Loi sur les produits pétroliers qu'avait fait adopter John Ciacia pour stopper les fermetures de raffineries dans les années 1980.
Quand elle dit que la sécurité énergétique n'est pas menacée parce que depuis que la raffinerie est fermée, le Québec n'est pas en rupture de stock, c'est utiliser un bien court laps de temps pour mesurer des conséquences qui prennent des mois, voire des années, à se faire sentir.
Prétendre que la seule différence due à la fermeture de la raffinerie, c'est que maintenant on importe des produits raffinés au lieu du brut, c'est comme de comparer les gaz émis par les vaches avec ceux des puits de gaz de schiste! Les Québécois jugeront de sa vision...
Aberration
Quand elle dit que la décontamination prendra deux ans et créera «entre 500 et 1000 emplois», elle fait encore erreur. Shell a confirmé mercredi que 150 personnes suffiront et que ces opérations seront étalées sur une plus longue période.
D'ailleurs, si on se fie au temps requis pour la décontamination des terrains de Esso, c'est plus de huit ans dont il est question avant de pouvoir les utiliser à d'autres fins... Au moment où le premier ministre Jean Charest fait le tour du monde pour «vendre» son Plan Nord, il est complètement aberrant qu'il laisse sa ministre tenir de tels propos et prendre des décisions qui auront un impact considérable sur notre économie alors qu'une solution viable était à portée de main.
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Jean-Claude Rocheleau, porte-parole du Syndicat des travailleurs de Shell, Section locale 121 du SCEP