Lettres: Liberté d'expression sous conditions
Il y a quelques jours, vous nous informiez, sous la plume de Fabien Deglise, qu'au pays de George W. Bush, ceux qui s'affichaient pour la paix dans un centre commercial risquaient un procès. Voilà un exemple qui en dit long sur la liberté (de plus en plus sous conditions) d'expression dans cette merveilleuse contrée de la tolérance.
Mais il y a d'autres faits tout aussi troublants qui préoccupent au plus haut point, comme les nombreuses frictions constatées sur les campus à travers le pays, pourtant longtemps considérés comme des lieux sacrés de la liberté d'expression. Un exemple? Il y a quelques jours, le journal Boston Globe nous informait qu'à l'université du Massachusetts à Boston, un professeur s'est fait arrêter pour avoir protesté contre la présence d'un recruteur de la Garde nationale sur son campus. Il est vrai que les visions empiriques de George W., commandant en chef des armées, nécessiteront un renfort considérable, et il semble que tous les moyens soient déjà pris pour renflouer la soldatesque.Mais il n'y a pas que l'univers des campus qui subit les effritements des libertés civiles chez nos voisins du Sud. C'est souvent dans son entourage immédiat que les dégâts collatéraux sont les plus sentis. Que ce soit dans le milieu de travail, au bureau, à l'usine, au centre commercial ou simplement au foyer familial, les prises de position entre antiguerre et proguerre provoquent malheureusement des dissensions profondes et malsaines entre des personnes qui se côtoient à longueur de jour. À plus long terme, ce scénario pourrait entraver des relations qui, jusque avant le déclenchement de cette guerre, étaient tout à fait normales, avec des discussions saines et nuancées. Voilà une leçon à retenir si nous voulons tous vivre harmonieusement et éviter tout acte fratricide.