Le règlement de police pour la ville de Québec en 1673

Monsieur de Frontenac mettait de l'emphase dans tout ce qu'il faisait. Son règlement de police du 28 mars 1673 en contient une forte dose. Qu'on lise le préambule de cette pièce: «Comme il n'y a rien de si nécessaire pour la conservation des états que l'ordre et la police sans laquelle les plus anciens ne sauraient se maintenir longtemps dans leur premier éclat, il n'y a rien aussi qui puisse contribuer davantage à l'augmentation des nouvelles colonies que l'établissement de certaines règles et fondements sur lesquels ce qu'on entreprend dans les suites pour leur accroissement puisse subsister, c'est pourquoi...» Voici une phrase bien grandiloquente pour un règlement dont les principaux articles s'occupaient des boucheries et des cochons qui vaquaient dans les rues de la basse-ville de Québec!

Tout de même, ce règlement avait du bon. Il contenait trente et un articles relatifs à l'élection de trois échevins, à l'érection d'un marché et d'une halle, aux boulangers, aux cabaretiers, aux poids et mesures, au bois de corde, à la construction des maisons, à la protection contre le feu, aux latrines, aux bestiaux errants dans la ville, aux forges, au nettoyage des rues, aux maîtres jurés de métier, etc., etc.

Par ce règlement, il était dorénavant défendu de bâtir des maisons dans la ville avant d'avoir obtenu les alignements nécessaires, «afin que les dites maisons soient posées sur celui des rues tirées sur le plan qui sera fait de la ville de Québec». Toutes les maisons devaient aussi avoir leurs propres latrines et privés.

Tous les propriétaires de la basse-ville devaient rehausser les rues qui bornaient leurs terrains pour faciliter l'écoulement des eaux, et remédier «à la grande incommodité qu'on souffre en marchant dans les rues à cause de la quantité des boues que la fonte des neiges y produit».

On ne pouvait plus bâtir de maisons dans la basse-ville sans y faire au moins les deux pignons de maçonnerie. Aucun propriétaire dans la basse-ville ne pouvait placer dans sa maison des poêles, soit de fer, soit de briques, s'ils n'étaient mis dans une cheminée.

Jusque-là, des forges avaient été bâties au petit bonheur un peu partout dans la basse-ville, ce qui était un grand danger pour le feu. Le règlement de M. de Frontenac ordonnait de transporter les forges des serruriers, taillandiers et autres artisans de pareille nature «le long de la montée qui va de la basse-ville à la haute dans le terrain désigné par M. Talon, avant son départ». Il tolérait toutefois les forges construites en maçonnerie, avec de bonnes cheminées élevées à la hauteur de celles des maisons voisines, conformément à l'usage en France. Le charbon nécessaire pour ces forges devait être conservé dans des caves de maçonnerie.

Tous les propriétaires ou locataires de maison étaient tenus par le nouveau règlement de nettoyer le devant de leur logis et de porter toutes les ordures et vidanges à la rivière et de n'en souffrir aucune à l'avenir dans les rues ou sur leur terrain.

Les chiens devaient être retirés au-dedans des maisons après neuf heures «afin de laisser aux habitants et surtout aux malades le temps propre au repos».

L'article 15 du règlement stipulait ceci: «Il sera avisé aux moyens d'empêcher que l'on ne nourrisse et entretienne des bestiaux dans la basse-ville, tant en hiver qu'en été, à cause de l'infection et incommodité qu'ils apportent, soit par les fumiers qui gâtent toutes les rues, soit par les fourrages qu'il convient loger dans les dites maisons pour leur nourriture et dont il peut arriver des grands inconvénients par le feu qui s'y peut mettre.»

M. de Frontenac disait dans son règlement que tous les articles en avaient été faits pour la ville de Québec, «qui est la première du pays et qu'on doit essayer de rendre digne de la qualité qu'un jour elle portera sans doute de capitale d'un très grand empire»!

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