En attendant les prochaines catastrophes

Les participants à la dernière rencontre du G8 nous passent le message qu'il n'y a pas d'urgence à mettre en place un train de mesures précises pour réduire les émissions des gaz à effet de serre (GES). Il faut donc s'attendre à ce que le niveau global des émissions de GES continue de croître et qu'il soit de plus en plus difficile à l'avenir de les réduire à un niveau suffisamment bas pour éviter un réchauffement marqué des températures moyennes prévalant sur notre planète.

Au Canada, le gouvernement de Stephen Harper a mis en place un plan peu contraignant dont l'un des objectifs est de s'assurer que notre PIB ne soit pas réduit d'un seul dollar par ce plan: «Nous devons avoir une vision de réduction des GES qui soit cohérente avec la croissance économique et avec la sécurité énergétique. Nous devons avoir une approche équilibrée qui préserve la croissance économique et qui protège notre environnement.»

Cette approche ne fait que refléter la croyance de nos dirigeants selon laquelle l'augmentation des GES ne réduirait pas notre richesse et notre capacité de production. Notez dans ce tableau préparé par Environnement Canada que le taux de croissance du PIB dans le scénario de base n'est pas négativement affecté par la croissance des GES.

En fait, la dynamique engendrée par la rareté des hydrocarbures pousse à la hausse leur prix et ceci accroît la valeur de notre production. L'idée qui domine chez nos décideurs semble être que plus nous produirons et exporterons des hydrocarbures, plus nous serons riches.

Comment pouvons-nous dire aux pays en voie de développement de prendre des mesures contraignantes, eux qui ont un taux d'émission de GES par habitant beaucoup plus faible que le nôtre, si nous nous refusons à prendre nous-mêmes de telles mesures? Pourquoi des pays comme la Chine et l'Inde devraient-ils accepter de réduire d'un seul dollar leur PIB si nous ne sommes pas prêts à le faire nous-même?

Il faut donc s'attendre à ce que les émissions de GES continuent de s'accroître, que le réchauffement de la planète s'accentue et que, conformément aux résultats de nombreuses études sérieuses, des catastrophes environnementales surgissent. Nos dirigeants verront alors les effets néfastes de ces catastrophes sur le bien-être de la population et sur nos capacités de production. Ils comprendront alors qu'il aurait mieux valu prendre des mesures contraignantes à moyen terme pour obtenir un mieux-être à long terme.

Cette situation me fait penser qu'il a fallu au Québec l'effondrement du viaduc de la Concorde pour convaincre le gouvernement et la population du bien-fondé de lancer un programme majeur de rénovation de nos infrastructures collectives.

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