Lettres: Un droit de guérir assuré ?

Depuis le dépôt du rapport de la commission Castonguay, les propos fusent de toutes parts. On s'exprime, on explore, on analyse, on décante pour finalement se mettre à réfléchir sur tout ce qui a été dit et sur les non-dits. Dans toute cette parade d'opinions, aux airs de kermesse populaire, le rapport Castonguay nous révèle que finalement, il y a (aurait?) un problème de rentrées de fonds. La petite caisse est vide et il faut la remplir coûte que coûte car, l'air est bien connu, la santé, ça n'a pas de prix (vous le valez bien...).

Guérir à tout prix. Voilà de vraies valeurs pour le vrai monde! Qui oserait contester la vertu? Alors, on innove et on trouve des solutions pour la guérison. On hérisse des pôles pharmaceutiques et on fait de la recherche avec un grand R. Et du développement, évidemment. On trouve, comme par miracle, de «nouvelles molécules» aux vertus insoupçonnées. Ces produits miraculeux, issus de la très branchée bio-technologie, qui se retrouvent sur les tablettes des pharmacies-supermarchés et autres grands lieux de divertissements, ont un coût. Au Québec, il en coûte 22 % du budget de la Santé pour assurer la facture des médicaments, soit le double du salaire de tous les médecins du Québec (étonnante révélation entendu à l'émission Les Années-lumière du 24 février à la radio de Radio-Canada).

Poussons un peu la recherche mathématique. Si le budget de la Santé est de l'ordre de 24 milliards, 22 % représente la rondelette somme de 5,28 millions. Si les revenus (totaux) budgétaires du Québec sont de l'ordre de 60 milliards, la somme consommée pour les dépenses en médicaments de toutes origines représente près de 9 % de tout le budget du Québec. Effarant! Encore plus effarant, la quasi-absence de cette problématique dans la commission «Castonguay-Venne-Marcotte» qui reluque plutôt du côté de la quête publique et d'une recrudescence de la performance médicale et bureaucratique. Et sans scrupule aucun, le rapport de la commission nous offre toute une occasion en nous proposant de greffer au système public une place toujours plus importante au privé. Plus de places au privé est en corrélation directe avec plus d'assurances... privées! En toute «franchise», l'un ne va pas sans l'autre. Et qui pourrait être intéressé par ce futur marché de l'assurance privée? Poser la question, c'est y répondre!

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