Lettres: Cul-de-sac d'épicerie

De façon surprenante, les sacs en plastique sont depuis peu considérés comme un fléau pour l'environnement. Bien que leur fabrication requiert moins d'un millième des hydrocarbures que nous consommons, ils sont devenus, pour certains, la priorité en matière d'environnement. On ne peut être contre le progrès, si petit soit-il, mais le bannissement des sacs en plastique est-il vraiment avantageux pour l'environnement?

Selon Recyc-Québec, la majorité des sacs d'emplettes non recyclés sont utilisés comme sacs à ordures. Leur bannissement entraînerait une augmentation de l'utilisation des véritables sacs à ordures, comme cela a été observé ailleurs. Puisque les plus petits sacs à ordures sont 60 % plus pesants que les sacs d'épicerie, il pourrait très bien y avoir augmentation de la consommation de plastique. Aucun produit substitut n'est sans effet sur l'environnement. Bannir les sacs de plastique sans étude rigoureuse des habitudes de consommation et sans analyse du cycle de vie des produits en cause revient à confier la protection de l'environnement au hasard.

Bien qu'on ne le mentionne jamais, les sacs en plastique traditionnels sont réutilisables à de nombreuses reprises et ont l'avantage de leur légèreté et de leur faible encombrement. Pour l'instant, la seule solution efficace à coup sûr consiste à réutiliser ces sacs le plus souvent possible.

Et pendant que l'on s'affaire à économiser quelques centaines de grammes de plastique par personne par année, l'ensemble des matières résiduelles produites au Québec a augmenté de plus de 50 % durant les dix dernières années pour atteindre près de deux tonnes par personne par année.

La croisade pour le bannissement des sacs en plastique n'est-elle pas, dans les faits, un «haro sur le baudet» qui nous distrait des véritables enjeux environnementaux que nous ne sommes pas prêts à affronter?

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