Lettres: À chacun son nid-de-poule!

Avec le printemps reviendront les nids-de-poule, phénomène aussi ponctuel et profond que le retour des grandes oies. Pour s'en accommoder, chacun devrait en adopter un, nid-de-poule: un pour chaque citoyen de Montréal, majeur et vacciné. L'action serait sensiblement la même que celle qu'on pouvait exercer il y a quelques années auprès de ces petites bestioles virtuelles électroniques, Pokémon qu'il fallait dorloter, cajoler et nourrir sous peine de les voir sombrer en dépression, puis mourir.

Chaque citoyen pourrait donc adopter son propre nid-de-poule et s'en occuper tous les jours comme d'un objet précieux: lui donner un nom, aller le voir tous les matins, s'assurer qu'il se porte bien; apporter un petit sac pour le nourrir de gravier au besoin; lui taper dans le dos pour le combler un brin... Apporter sa chaise pliante pour s'asseoir tout à côté le week-end et, tout en lisant le journal, jeter un coup d'oeil de temps en temps à son petit nid-de-poule d'amour pour voir s'il ne manque de rien. Il pourrait même y avoir un club d'échangistes dans le lot, un système de garde, un programme de subventions pour couvrir les frais avec rabais pour les aînés, les vieux nids-de-poule. Le mouvement citoyen pourrait s'appeler «Nids-de poule sans frontière» ou bien «Nids-de-poule du monde». De là, l'expression «Prendre son trou», pour un Montréalais, revêtirait une tout autre signification.

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