Lettres: Les loups sont entrés dans Lévis...

... m'écrirais-je en parodiant Serge Reggiani, constatant comment notre gouvernement, celui de tous les Québécois, alors qu'il s'est engagé à faire prévaloir le développement durable, s'apprête à donner le feu vert au projet Rabaska. Et ce, sans égard pour le rapport final de la Commission de protection du territoire agricole, allant jusqu'à le répudier sans même l'avoir lu.

Tout comme pour le Suroît, le mont Orford et d'autres entreprises mal foutues, il a dû retraiter et devra le faire encore une fois.

«Si tu fais le mal, fais-le vite... », pourrait-on dire, alors il décide. Suivant le même Claude Béchard enferré dans l'accaparement du mont Orford, il appert qu'il met toutes voiles dehors pour construire le port méthanier à Lévis et, par la suite, celui de Cacouna.

La vérité: nous n'avons strictement besoin ni de l'un ni de l'autre, comme l'ont démontré un très grand nombre d'experts hautement qualifiés et, surtout, d'opposants du monde de l'environnement. Quel désastre! Quelle arrogance! Quel déni de sa parole et de ses propres engagements politiques d'encourager le développement durable!

Et que dire de l'environnement visuel? Le plus beau site du monde, s'accordent à proclamer — et sans chauvinisme ni étroitesse d'esprit — les visiteurs des hauteurs de Québec, des plaines d'Abraham, de la terrasse Dufferin, ainsi que les touristes qui logent au Château Frontenac (propriété de chacun de nous par le truchement de la Caisse de dépôt et placement du Québec).

Dans Le Devoir du mardi 9 octobre 2007, l'avocat de Québec Yvan-M. Roy signait un texte intitulé «Rabaska attaque le coeur de Québec», dans lequel il décrivait parfaitement le désastre visuel que s'apprêtent à créer les Gaz Métro, Embridge, Gaz de France et la «créature» de Paul Desmarais, la Société Gesca. [...]

Le jeudi 11 octobre 2007, Le Devoir y revenait dans sa page éditoriale en publiant un long commentaire de Catherine Foisy sous le titre «Dérive démocratique». En bref, cette professeure de science politique au Collège international des Marceline écrivait ceci: «D'une part, ce n'est pas le Québec, ni comme État, ni comme collectivité, qui fait partie de la course aux contrats d'approvisionnement en gaz naturel. Ce sont bien les promoteurs du projet Rabaska: Embridge, Gaz de France et Gaz Métro.»

Je souscris avec enthousiasme aux propos exprimés par ces deux textes. Combien de fois encore «nous les petits, les sans-grade / Qui marchons pieds nus, crottés, malades / Qui n'avançons que pour nous battre / Et que pour nous battre un contre quatre»?, comme l'écrivait Edmond Rostand dans sa pièce de théâtre L'Aiglon, un chef-d'oeuvre... Oui, combien de fois encore plierons-nous l'échine, nous les sans-pouvoir, contre la toute-puissance des chambres de commerce, des groupes financiers bien organisés, lesquels, hélas, contrôlent le gouvernement de Jean Charest et la loyale opposition de l'ADQ de Mario Dumont? [...]

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