Lettres: Trois-Pistoles, VLB et le développement culturel en région

À cause de Victor-Lévy Beaulieu, je suis passé deux fois par Trois-Pistoles, il y a deux ans et cette année. Combien de Québécois ont fait la même chose? Tout ce que je savais sur cette ville, c'est que mon professeur d'anglais de onzième année y enseignait l'été. C'était en 1955.

En passant devant la maison de VLB sur la 132, je me suis dit: c'est trop bête cette querelle avec les autorités municipales à cause d'un compte de taxes non payé de 6000 $. VLB est un actif pour la ville de Trois-Pistoles. On ne bousille pas un actif, on en est fier et on l'encourage, on le soutient financièrement. Si, comme VLB l'affirme (et je n'ai aucune raison de douter de sa parole), il a investi 100 000 $ de sa poche l'an dernier dans le complexe culturel que la Ville de Trois-Pistoles elle-même décrit sur son site Web et dont elle s'enorgueillit, il me paraît évident que la Ville de Trois-Pistoles commet une grave erreur en se comportant comme si VLB était un citoyen ordinaire qui doit payer ses taxes. Le développement culturel dans les régions est une affaire collective et ce n'est pas à un individu à en assumer tous les coûts.

Voilà pourquoi VLB est en colère et veut tout vendre, et les édifices de la rue Pelletier et sa maison le long de la 132, où il peut écrire en paix entouré de pivoines rouge vif et de ses chiens affectueux sur les lieux de son enfance. Sa colère est légitime. Il veut que son engagement culturel soit reconnu et appuyé financièrement par la Ville de Trois-Pistoles. Et il a raison. Cette réclamation d'un compte de taxes a fait déborder le vase. Qu'on subventionne VLB au lieu de lui envoyer des ultimatums pour taxes non payées. C'est une question de principe, mais cette question déborde largement le cadre des décisions des édiles municipaux de Trois-Pistoles qui agissent comme si la notion de culture leur échappait.

Y a-t-il une politique de développement culturel en région au Québec? Il semble que non puisqu'à notre connaissance personne ne bouge. Le gouvernement du Québec se sent-il concerné par ce qui se passe à Trois-Pistoles?

Qu'en pensent Pauline Marois, Pierre Curzi et le Parti québécois? Mario Dumont devrait-il intervenir?

Ce serait stupide de laisser VLB se débattre seul contre des gens qui ne semblent pas voir plus loin que le bout de leur nez. Il est temps qu'on se réveille avant qu'il ne soit trop tard.

Du strict point de vue des retombées économiques et touristiques, l'attitude du maire et des édiles de Trois-Pistoles n'a aucun sens. La non-intervention du ministère de la Culture n'a pas de sens non plus.

Drôle de pays que celui qui n'appuie pas un animateur culturel de la trempe de Victor-Lévy Beaulieu au moment même où son dernier livre sur James Joyce est l'objet d'un numéro spécial de la revue L'Action nationale.

C'est ce que je me suis dit cet été en passant par Trois-Pistoles en route vers le tour de la Gaspésie. Suis-je le seul à penser ainsi?