Innovation - Prendre la Chine par les cornes

Lors de l'annonce de la politique d'innovation du gouvernement du Québec, le premier ministre Jean Charest a déclaré qu'il est maintenant possible pour le Québec «de battre la Chine» à la condition de concentrer nos efforts dans quelques créneaux. Avec raison, il voit qu'une de nos forces réside dans notre capacité à nous mobiliser d'autant plus facilement que nous sommes peu nombreux au Québec.

Encore faut-il que les contribuables perçoivent que les avantages de cet effort financier, 1,2 milliard de dollars en trois ans, retombent sur l'ensemble de la société québécoise. Or il n'y a pas de garantie que les sommes accordées à la recherche-développement (R-D) se traduisent en croissance de marché si la politique d'innovation ne s'articule pas dans le redéploiement économique du Québec.

Comment s'assurer que les sommes affectées à la R-D contribuent au redéploiement de l'économie québécoise?

L'organisation et la tenue d'un forum économique entre le gouvernement du Québec et celui de la province du Shandong (90 millions de personnes), c'est-à-dire avec le partenaire incontournable qu'est la Chine, donnerait à tous les acteurs concernés un cadre de mobilisation pour amorcer le redéploiement économique du Québec.

Les avantages de tenir un forum avec le Shandong sont nombreux. Celui-ci nous donnerait un cadre familier dans lequel peut se déployer une de nos forces: la concertation. Aussi, il nous obligerait à cultiver notre attitude dynamique, fonceuse et entrepreneuriale, indispensable pour agir dans la conjoncture actuelle.

De plus, ce forum nous obligerait à reconnaître nos forces avec un interlocuteur sympathique et de taille qui nous indiquerait ses besoins et son potentiel, renseignements indispensables au développement du Québec.

En 1750, l'Asie était dominante et réalisait 70 % du commerce de la planète. En 1900, elle n'en représentait plus que 12 %. Aujourd'hui, la part des États-Unis représente 21 % du commerce mondial alors que celle de l'Asie est estimée à 30 %, selon le président de la Banque asiatique de développement.

Cette nouvelle tendance est un retour de balancier qui marquera notre économie au cours des prochaines années. La Chine en est le moteur. Apprendre à travailler avec la Chine, c'est apprendre à travailler avec notre nouveau voisin, et il serait de loin préférable que nous le fassions en concertation avec les Chinois qu'en ordre dispersé.

Le gouvernement chinois sait que le modèle occidental de consommation (et, en conséquence, le sien) n'est pas soutenable et équilibré. Il cherche, comme le reste de la planète, des solutions. En somme, avec le Shandong, à notre échelle, nous avons un destin commun.

Dans cette perspective, la rencontre entre le Québec et la province du Shandong contribuerait au redéploiement économique du Québec et à la prospérité en construisant un modèle de développement plus durable et mieux équilibré.

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