Libre-Opinion: Que les personnes handicapées visuelles se lèvent!

Dimanche dernier, 3 décembre, nous avons souligné la Journée mondiale des personnes handicapées. Avec le vieillissement de la population, la société aura de plus en plus à vivre avec des personnes qui seront frappées de divers handicaps. Pensons au nombre croissant de personnes qui ont des problèmes de vision.

Le choc

En l'espace de trois semaines, en juillet dernier, il m'est devenu impossible de lire et de conduire mon automobile. C'est la panique! Après avoir consulté les spécialistes, j'apprends qu'il me faudra désormais vivre avec cette situation. Ce dont je suis atteint, c'est une des maladies les plus insidieuses: la dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA). Elle peut frapper sournoisement et très rapidement. C'est la perte de la vision centrale. La vision périphérique demeure, ce qui signifie qu'on ne devient pas totalement aveugle. On lui impute le tiers des pertes de vision. À 68 ans, habitué à lire tous les jours et à naviguer sur Internet, je me rends compte que je devrai changer mes habitudes.

On peut réagir de deux manières: laisser sa barque dériver en s'apitoyant sur son sort ou, au contraire, tenir son cap et se dire ceci: quelles sont les ressources à ma disposition?

La macula n'aura pas ma peau

Je suis parti à la recherche de ressources et j'ai découvert toute une gamme d'organismes, d'outils et de sources d'aide à ma disposition.

Ma première démarche a consisté à contacter l'Institut national canadien des aveugles (INCA). On a répondu à toutes mes questions et indiqué les étapes à suivre pour pouvoir bénéficier des nombreux services offerts. Enfin, je commençais à y voir clair... J'aurais aussi pu m'adresser à l'Association québécoise de la dégénérescence maculaire (AQDM), qui donne d'excellents renseignements.

Je me suis abonné à la bibliothèque de l'INCA et à la Grande Bibliothèque (Service québécois des livres adaptés). Depuis quelques mois, je reçois et retourne gratuitement des livres sonores que j'écoute sur mon lecteur Daisy. J'ai un vaste choix de volumes. Je suis même abonné à la Bibliothèque sonore de la Suisse romande. Donc, je continue à lire, mais d'une autre façon.

Et mes journaux...

Utilisateur d'Internet depuis plus de 12 ans, je voulais continuer cette activité. Je me suis procuré le fameux logiciel ZoomText, qui me permet de grossir les textes à l'écran et de naviguer de façon simple et facile. Maintenant, je lis Le Devoir en format PDF. J'imprime la grille de mots croisés pour ma conjointe. De plus, si l'éditorial me semble trop long (ce n'est pas un reproche), je n'ai qu'à cliquer sur mon ZoomText et celui-ci m'en fait la lecture. Quoi de mieux?

En tant que membre de l'INCA, j'ai accès gratuitement à toute une gamme de journaux, de revues et de bases de données. En réalité, j'ai accès à plus d'information que j'en avais auparavant. Fantastique!

Des centres de réadaptation à votre service

Le ministère de la Santé et des Services sociaux finance une douzaine de centres au Québec, dont un dans votre région. Je suggère fortement de s'adresser soit à l'INCA, soit à l'AQDM. On vous indiquera la marche à suivre pour y avoir accès.

Dans ces centres, on trouve un personnel attentionné et qualifié. C'est ce qui m'est arrivé lors de ma première visite au Centre InterVal de Trois-Rivières.

Si vous n'êtes pas admissible, tout n'est pas perdu. Certaines entreprises au Québec offrent des produits qui peuvent améliorer la qualité de vie, par exemple HumanWare et Optelec, qui se spécialisent dans l'aide aux personnes handicapées de la vue.

Le quotidien

Quoi de plus déplaisant que d'avoir de la difficulté à lire l'heure! Pour un peu plus de 10 $, un beau-frère m'a offert une montre sonore. Un petit coup de doigt et j'entends l'heure.

J'ai aussi déniché le tout nouveau clavier adapté aux personnes dont la vue est basse. Tellement utile qu'on en vient à oublier son handicap!

Certes, dans le quotidien, le fait d'être une personne handicapée pose des problèmes à son entourage. Ma conjointe, qui s'amusait à dire qu'elle me menait, a changé son discours. Aujourd'hui, elle dit qu'elle me «conduit»... Mais quand je veux vraiment retrouver une certaine liberté, je saute sur ma bicyclette électrique et je me promène dans le village.

Les personnes aveugles qui doivent se déplacer avec une canne ou un chien peuvent maintenant compter sur le Trekker, un système GPS. Elles sont en mesure de déterminer clairement leur position, de connaître les points d'intérêt de l'endroit où elles se trouvent et même de se diriger vers des destinations précises.

Les télévisionneuses en tout genre nous permettent de lire «pleine page» des livres ou des journaux en affichant la page sur le support de notre choix. Le lecteur de livres sonores Daisy assure une navigation facile dans les livres. Il est devenu mon outil de chevet.

Il existe des centaines d'objets pour faciliter la vie des personnes en perte de vision, du pèse-aliments sonore aux téléphones adaptés en passant par les jeux spécialisés, sans oublier la vaste gamme de loupes.

Si vous êtes atteints de problèmes visuels ou si vous connaissez des gens de votre entourage qui ont des problèmes de basse vision, ne désespérez pas: des outils existent qui permettent d'apprécier la vie!

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