Lettres: La moralité des médecins spécialistes

Je lisais dans l'édition du Devoir de samedi dernier, une lettre écrite par un médecin spécialiste, accusant le ministre Couillard de ne pas savoir ce que négocier veut dire... Peut-être, mais enfin!

Allez donc, Monsieur le docteur-anesthésiste, expliquer à mon père de 92 ans, qui «traîne» à l'unité de «débordement» de la Cité de la Santé de Laval depuis trois jours (en date de dimanche midi), que le Québec a les moyens d'attribuer des augmentations de revenus de 80 000 $ (et plus) à ce que René Lévesque appelait les «enfants gâtés» du système. Allez expliquer à mon père que c'est humain de vivre dans une roulotte aménagée pour déjouer la règle des 48 heures des urgences, dans un espace où il n'y a même pas un mètre de distance entre les civières; et du bruit et des mouvements de personnes toute la nuit. Je me demande comment le personnel peut tenir huit heures dans un tel milieu! Demandez à mon père s'il ne craint pas de contracter une infection à C. difficile, ou une autre infection à bactérie résistante aux antibiotiques (promiscuité et hygiène limite). Allez visiter les toilettes «très publiques», (dont la propreté est parfois douteuse) qu'il doit fréquenter souvent dans une journée. Quand le président de la FMSQ insistait sur le terme «moral» la semaine dernière, je ne sais s'il connaissait vraiment le sens de ce mot... Je trouve révoltant ce manque de conscience sociale de la part de trop de bons docteurs.

Monsieur Couillard, par ailleurs, cessez de dire que le système va mieux, que les listes d'attente de chirurgie sont moins longues, que nous avons un des plus beaux systèmes de santé au monde... À quand la vérité? La vérité est que nous n'avons pas les moyens financiers de maintenir le système de santé que nous croyons avoir. Nous ne sommes pas en Arabie saoudite...

La santé ne doit pas être un enjeu politique... J'ai vécu plus de 25 ans dans les hôpitaux du Québec. Je sais comment ça se passe, et je crains la maladie...

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R. Chénier MD, CSPQ, Longueuil, 3 décembre 2006

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