Lettres: Stéphane Dion: la politique du moindre mal

Le Parti libéral du Canada aura donc préféré l'expérience et les certitudes que représentait M. Stéphane Dion à l'aventurisme et au «renouveau» que prétendait incarner M. Michael Ignatieff. Ce choix pragmatique, en fonction du «moindre mal», est parfaitement conforme à la tradition du parti politique ayant gouverné le Canada pendant le plus grand nombre d'années, et largement, depuis 1867.

C'est par son intégrité que M. Stéphane Dion pourra à la fois se porter garant des acquis progressistes, laïques et résolument modernes des règnes de MM. Jean Chrétien et Pierre Elliott Trudeau, tout en pouvant atténuer l'image du «parti corrompu» que MM. Stephen Harper et Gilles Duceppe nous avaient servie jusqu'à la nausée au cours de la dernière campagne électorale fédérale.

Cette sincérité de M. Dion lui donne une image d'«incorruptible» à la Robespierre, dont il partage d'ailleurs l'allure et l'esprit. Portant ses convictions jusqu'au fanatisme, nul autre que lui ne pouvait parrainer la despotique «Loi sur la clarté», qui fit l'objet d'une condamnation unanime de l'Assemblée nationale du Québec. De même, l'environnement ne pouvait être en de meilleures mains que lorsque «l'ayatollah Dion» empoigna le vert étendard.

M. Stéphane Dion ne pourra jamais gagner le coeur et la confiance des Québécois, pour qui il restera l'un des politiciens fédéraux les plus détestés dans l'histoire du Canada. Mais il saura, avec âpreté et persuasion, dénoncer les reculs hautement dommageables qu'aurait constitué la poursuite des «réformes» du gouvernement Harper... Le tout au bénéfice du Bloc québécois. L'élection prochaine d'un gouvernement libéral mettra fin à un régime obscurantiste, militariste, moralisateur, répressif et inféodé à la droite américaine. Le Québec restera fort dans un Canada uni... Et tout rentrera dans l'ordre.

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Pierre Fortin, avocat, Québec, le 4 décembre 2006

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