Réplique à Stéphane Roy

À la suite de mon article du 28 septembre dernier, Stéphane Roy critique la pertinence de l'idée d'intégrer les émoluments que le médecin reçoit pour la visite d'un patient au texte portant sur le réseau de la santé en crise. Il jette également le discrédit sur ma comparaison avec celles des dentistes.

D'abord, le quasi-gel depuis dix ans de l'honoraire payé au médecin par la RAMQ pour la visite médicale reste un des facteurs principaux derrière la fermeture de plus du tiers des bureaux privés à Montréal. En effet, les coûts immobiliers ont augmenté en flèche et l'électricité, le chauffage et les salaires des employés (secrétaires et infirmières) ont suivi l'augmentation du coût de la vie.

Combiné à la pénurie de médecins, le gel des tarifs en bureau a directement provoqué l'augmentation de l'achalandage dans les urgences et le rationnement de l'accessibilité au médecin de famille., d'où l'intégration de cette idée dans mon texte sur les maux du réseau de la santé québécois.

De plus, le bureau du médecin n'est plus aussi simple qu'il y a 20 ans. De nombreuses cliniques se sont procuré des appareils de radiologie très coûteux et ont intégré des laboratoires sur place.

Les techniques disponibles dans la plupart des bureaux comprennent la réanimation d'urgence à l'aide de défibrillateurs, les injections de toutes sortes et des pansements médicamenteux de plus en plus coûteux, et ce, afin de fournir le meilleur service possible aux clients et, surtout, d'éviter que ceux-ci se présentent à l'urgence, où les soins sont évidemment beaucoup plus dispendieux. La clinique médicale est en effet devenue un minihôpital, pour employer l'expression de M. Roy.

Le gouvernement a préféré fermer les yeux sur ces réalités méconnues du public, mais les citoyens se rendent maintenant compte tous les jours des conséquences des fermetures des bureaux de médecins. Je vous rappelle que tous sont d'accord pour dire que les médecins seraient bien mieux rémunérés s'ils l'étaient par les assurances privées de leurs clients, comme c'est le cas des dentistes. L'expérience des dentistes avec le système public le confirme également. Pourtant, pour des raisons d'équité sociale devant la maladie, l'immense majorité des médecins reste derrière le principe de la gratuité des soins.

Loin de vouloir diminuer l'importance des cabinets de dentistes, mon commentaire se veut un plaidoyer pour le financement urgent des cliniques médicales, principale porte d'entrée du réseau de soins de santé québécois. Les partis politiques cherchent tous une solution à «l'épineux problème des urgences»; eh bien, en voilà une. Elle est simple mais nécessitera du courage politique puisque le fait de parler des honoraires médicaux est loin d'être un message politique «sexy».

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