Think big, Mario!

À première vue, personne ne pourrait reprocher à Mario Dumont de manquer d'envergure. Voilà un homme qui, depuis la fin de ses études, n'a en définitive exercé qu'un seul métier, celui de député, tout en ne dirigeant que le parti d'un seul élu mais qui, du jour au lendemain, ne vise rien de moins que la direction de l'État. Si vous faites remarquer à M. Dumont que le fait de donner suite à ses visées équivaudrait à remettre à quelqu'un les commandes d'un 747 sous prétexte qu'il a déjà fait du deltaplane, il est du genre à se faire rassurant et à vous répondre, sans sourciller: «Nous apprendrons sur le tas.»

La foi des Québécois devient donc obligatoirement un élément central de sa stratégie, et il le sous-entend d'ailleurs lui-même quand il déclare: «Les gens ne veulent pas seulement savoir, ils veulent croire.»

S'il possède sans conteste le sens de la formule-choc et une intelligence hors du commun, c'est au chapitre de la cohérence des idées que se situe toutefois le défaut de sa cuirasse.

Le chef de l'ADQ prétend vouloir réduire la taille de l'appareil gouvernemental et s'assurer de la disparition des organismes gouvernementaux inutiles, mais il accepte comme allant de soi le dédoublement de toutes les structures politiques. Nous avons deux premiers ministres, deux ministres des Finances, deux ministres de l'Agriculture et tous les ministères en double, deux fonctions publiques complètes, deux polices nationales, la GRC et la SQ, deux systèmes judiciaires culminant avec la Cour supérieure d'un côté et la Cour suprême de l'autre, deux directeurs généraux des élections, un Québécois et un Canadien, avec une armée de fonctionnaires chacun, des ambassades et des maisons du Québec.

Sans compter ces petits riens inutiles consacrés au maintien général du système: sénateurs, gouverneur général et lieutenants-gouverneurs.

La commission Bélanger-Campeau mise sur pied par Robert Bourassa en arrivait à la conclusion que ces chevauchements nous coûtent au bas mot trois milliards par année. C'est là que se trouve l'argent nécessaire à assurer la survie de notre système de santé, le maintien de nos services sociaux et la diminution de notre fardeau fiscal, et non dans la promesse d'économies de bouts de chandelles dont personne n'a calculé le rapport coût-bénéfice.

La seule façon de mettre fin à ce statu quo que M. Bourassa déclarait être la pire de toutes les solutions pour nous, c'est de faire du Québec un pays. Ce n'est pas un rêve que l'on peut réaliser ou non au gré de notre bon plaisir, c'est une obligation si on veut réussir.

Think big, Mario! Le seul vrai changement, c'est la souveraineté.

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