Le courage de nos convictions

Dans quelques mois, la société québécoise sera appelée à élire un nouveau gouvernement. Ces élections revêtiront un caractère particulier. En effet, pour la première fois depuis très longtemps, ce ne sera pas tant la dichotomie souverainiste-fédéraliste qui tissera la toile de fond des débats mais plutôt la division gauche-droite que l'on voit partout ailleurs dans le monde. Ainsi, nous sommes conviés à nous poser d'importantes questions sur nos orientations en tant que société, de même que sur notre identité. Que sommes-nous devenus? Avons-nous changé? Les valeurs qui nous animent sont-elles celles de la solidarité, de l'entraide et du respect des différences, où est-ce plutôt l'individualisme et l'indifférence par rapport au sort de nos semblables?

Nous avons trouvé inquiétant de voir la droite prendre le pouvoir aux États-Unis et dans maints pays en Europe; pourtant, il semble que nous nous préparions à faire la même chose ici. Mon souhait est que nous osions affirmer notre différence et continuions dans la voie de la sociale-démocratie. Je refuse de croire que le Québec cessera d'offrir une égalité de chances à ses citoyens, qu'il ne se préoccupera plus des moins nantis et de ceux qui ont perdu la santé. J'espère que cette vague néolibérale qui nous inonde ne sera pas là pour rester.

Il serait fort dommage de perdre tous ces acquis qui font la réussite et l'identité du Québec et qui ont été atteints grâce à notre esprit de corps et notre solidarité. Toutefois, je suis d'accord avec ceux parmi nous qui prônent une plus grande responsabilisation de l'État et de ses citoyens. La gauche ne devrait pas être synonyme de gaspillage mais plutôt d'équité, du sens du devoir et de l'efficacité. Son discours doit se renouveler et s'occuper de ces problèmes qui sont les nôtres, tels le vieillissement de la population, l'augmentation des coûts de santé ou encore les disparités croissantes entre certains pans de notre population.

Il faudra, lors de ces prochaines élections, non seulement discuter de choix difficiles mais aussi avoir le courage de nos convictions; accepter que l'État ne puisse pas offrir une gamme impressionnante de services tout en diminuant nos impôts et en réduisant la dette que nous laissons en héritage. Et ceux qui continueront à dire que cela est possible, ce sont des charlatans.

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