Retour en classe: ouf!
Envers et contre tout, les écoles rouvriront lundi prochain. Une large portion du Québec — enfants, parents, employeurs — respire à l’idée de reprendre un semblant de normalité, le sac au dos plutôt que l’ordi sur le désordre de la table de cuisine. La « lumière au bout du tunnel » dont parle le premier ministre François Legault, c’est la fin du téléenseignement, dont les effets néfastes sur la réussite et la santé mentale sont plus que préoccupants.
Maintenant qu’Omicron ne risque plus de faire imploser les hôpitaux par l’intérieur, le virus prend presque l’allure du variant le plus nounours de tous ceux qui ont soufflé sur le globe. Le parterre politique réuni jeudi l’a répété sur un ton rassurant : un virus plus contagieux, certes, mais qui épargnerait davantage les gens — et les enfants — de formes sévères de la maladie. Y aura-t-il des cas dans les écoles, qui reprennent vie lundi prochain ? Bien sûr que oui, car le risque zéro est une utopie. Les experts ont soupesé les risques : d’un côté, la propagation de la maladie chez les élèves et le personnel ; de l’autre, les risques d’isolement et de retards scolaires engendrés par le téléenseignement. La santé mentale et la réussite scolaire ont gagné. Voilà une excellente nouvelle.
Parents, enseignants et directions d’école doivent toutefois s’attendre à un retour un brin chaotique. Avec des prévisions d’absentéisme du côté du personnel, le plan de contingence dévoilé hier prévoit une bonne dose de créativité dans la tenue de classe : si la banque de suppléants et de personnel redirigé s’épuise, il n’est pas interdit que des parents s’improvisent surveillants de classe. Et pourquoi pas ? Les syndicats n’ont pas réagi à ce retour avec beaucoup d’enthousiasme, et on comprend que l’usure de la pandémie leur pèse, mais l’heure devrait être à la collaboration et à l’audace.
Restent quand même quelques sérieuses questions en suspens. À commencer par les niveaux de vaccination des enfants au primaire — 60 % de cette clientèle a reçu une première dose au Québec. Une enquête du Devoir diffusée jeudi a montré que sur l’île de Montréal, les taux de vaccination (première dose) varient énormément d’une école à l’autre, et passent sous la barre des 5 % dans certains endroits. Dans 58 écoles primaires, le taux de vaccination était de moins de 30 % en date du 10 janvier. On s’interroge : qu’est-il arrivé des efforts de vaccination dans les écoles qui devaient accélérer la cadence pour permettre une protection additionnelle ? Dans le passé, ces opérations ne semblent pas avoir connu de franc succès, mais rien ne justifie qu’on ne s’y emploie pas à nouveau avec vigueur.
D’autres enjeux d’importance demeurent dans le brouillard, comme la ventilation, pour laquelle une suite détaillée serait attendue ce vendredi. L’accessibilité des tests rapides, promise par le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, dès la semaine prochaine sera une condition de la réussite du protocole d’isolement mis en place pour les enfants infectés ou jugés cas contacts dans leur famille. Sans cet outil crucial, le chaos s’invitera à nouveau par la grande porte.