Bémol sur le déconfinement

En annonçant, la semaine dernière, le début du déconfinement graduel de la société québécoise, le premier ministre François Legault a donné l’assurance que les six conditions fixées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) seraient scrupuleusement observées au moment de la réouverture des commerces, des entreprises manufacturières et des écoles.

La première de ces conditions, c’est que la propagation de la COVID-19 soit bien contrôlée. En second lieu, les autorités sanitaires doivent être en mesure de tester les personnes susceptibles d’être atteintes et tous les individus avec lesquels elles ont eu des contacts. Quantité de tests fiables sont nécessaires, mais aussi du personnel en santé publique pour procéder aux investigations, des effectifs qu’il faudra augmenter rapidement.

Sur le site du gouvernement, la Communauté métropolitaine de Montréal, où commerces et écoles rouvriront une semaine plus tard que dans le reste du Québec, est qualifiée de zone chaude. En commission parlementaire virtuelle vendredi, la ministre de la Santé et des Services sociaux, Danielle McCann, a d’ailleurs mis « un bémol », c’est son expression, sur la date du début du déconfinement à Montréal.

Or des hôpitaux montréalais sont aux prises avec des éclosions, ce qui réduit grandement leur volume de soins en raison de la multiplication des congés de maladie. C’est bien d’avoir des lits, encore faut-il disposer des effectifs pour s’occuper des patients, et non seulement les victimes du coronavirus. Quand la COVID-19 devient une maladie nosocomiale et que c’est l’hôpital qui infecte les patients ainsi que le personnel hors des zones chaudes de l’établissement, c’est que la situation n’est pas maîtrisée.

La Santé publique a annoncé que le nombre de tests quotidiens passera de 6000, entièrement réservés au réseau de la santé à l’heure actuelle, à 14 000 dès la semaine prochaine. De ce nombre, 7000 tests permettront de sonder la population en général. Première tâche, documenter la contagion qui sévit à Montréal-Nord, isoler les personnes atteintes et reprendre le contrôle. En outre, il y aurait sans doute lieu de tester tout le monde dans les établissements, pas seulement les personnes symptomatiques. Manquerait-on de tests ?

Si les conditions du déconfinement semblent être réunies dans les zones froides au Québec, il va tout autrement de la grande région de Montréal. Comme l’a reconnu le Dr Horacio Arruda vendredi, si la situation ne s’améliore pas, les réouvertures devront attendre.

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