Dur temps pour l’opposition
En ces temps d’urgence nationale, le gouvernement jouit d’un énorme avantage sur les partis d’opposition. À Québec, le gouvernement Legault occupe toute la place et les trois partis d’opposition ont choisi de collaborer pleinement avec le premier ministre. À Ottawa, l’opposition officielle a opté pour une autre approche, critique du gouvernement. Le parti conservateur, encore cette semaine, s’est montré chicanier en retardant l’adoption du projet de loi qui met en œuvre la subvention salariale de 75 % offerte aux entreprises.
Deux fois par semaine, les lundi et jeudi, François Legault tient une conférence téléphonique d’une heure avec les chefs des partis d’opposition, Pierre Arcand, du Parti libéral, Manon Massé, de Québec solidaire, et Pascal Bérubé, du Parti québécois.
À chacune de ces conférences, les trois chefs de l’opposition informent le premier ministre des préoccupations exprimées par leurs députés sur le terrain et lui font des propositions. François Legault répond aux questions, prend des notes et demande à ses ministres d’assurer un suivi, le cas échéant. Tout cela dans un esprit de collaboration dont le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il est tout à fait exceptionnel. Le premier ministre tient vraiment compte des observations et des suggestions des chefs des trois partis. « Nous sommes tous dans la même équipe », s’entendent-ils dire. Évidemment, l’Assemblée nationale, avec l’exercice contradictoire que représente la période de questions, ne siège pas.
Ce n’est pas tant que le gouvernement Legault est irréprochable dans sa gestion de la crise de la COVID-19. On peut certainement déplorer le manque d’équipements de protection pour le personnel soignant et les éclosions mortifères dans les CHSLD.
À Ottawa, le ton est tout autre. Le chef de l’opposition officielle, Andrew Scheer, n’a pas manqué de dénigrer Justin Trudeau et de nuire à l’adoption des projets de loi essentiels dans les circonstances. Pas sûr qu’il s’agit là d’une stratégie porteuse.
Il est bien difficile pour quiconque de critiquer le gouvernement, que ce soit à Québec ou Ottawa, sans apparaître déplacé. Selon un sondage Ipsos pour le compte de Global News, 74 % des Canadiens approuvent la gestion de la crise du gouvernement Trudeau. Même le mal-aimé Doug Ford voit sa cote atteindre 83 %. Au Québec, les résultats sont soviétiques : 96 % des répondants approuvent François Legault. Décidément, les temps sont durs pour les partis d’opposition.