Trump a dérapé une fois de trop

De nouvelles intrigues émergent dans la téléréalité trumpienne, encore sur un fond d’ingérence étrangère dans les élections américaines. Cette fois, le sabotage de la campagne démocrate ne vient pas de la Russie comme en 2016. Le président Donald Trump et ses hommes de main seraient au coeur des tractations avec l’Ukraine afin de nuire à la candidature de Joe Biden.

Selon un lanceur d’alerte dont la plainte a été rendue publique, Trump a tenté de convaincre le président de l’Ukraine, Volodymyr Zelensky, de faire une enquête sur son principal rival démocrate, Joe Biden, et son fils. Peu de temps avant l’appel, le président Trump a pris la peine de suspendre l’aide militaire de 391 millions $US (519 millions de dollars canadiens) à l’Ukraine. Trump évoque la générosité américaine dans son entretien maintenant rendu public, en déplorant l’absence de réciprocité de Kiev.

La majorité démocrate à la Chambre des représentants n’a pu réprimer plus longtemps son désir de lancer une procédure de destitution contre Donald Trump. Contrairement aux arcanes du rapport Mueller sur l’ingérence russe, l’affaire ukrainienne est facile à comprendre pour un électorat en perte d’appétit pour les nuances. Et elle a toutes les apparences d’un flagrant abus de pouvoir de Donald Trump. Il aurait utilisé le prestige et les ressources de la présidence à des fins électoralistes.

Trump qualifie de « blague » la procédure de destitution lancée par les démocrates, dénonçant même des gestes proches de l’espionnage de la part du lanceur d’alerte (il proviendrait de la CIA, selon le New York Times). Le leader républicain au Sénat, Mitch McConnell, juge toute cette histoire « risible ». Il suffit de lire la plainte pour se convaincre qu’ils ont tort de banaliser cette énième dérive de Donald Trump.

Sitôt l’entretien terminé entre les présidents Trump et Zelensky, des témoins se sont dits « profondément troublés » par la conduite de Donald Trump, et ils ont cherché à enfouir l’enregistrement de la conversation dans un dossier classé secret, sans aucune raison valable sinon protéger le président. La leader démocrate à la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, y voit un acte de « camouflage ». Des diplomates et des émissaires, parmi lesquels figure l’avocat personnel du président, Rudolph Giuliani, auraient entamé des démarches auprès de figures politiques ukrainiennes afin qu’elles accèdent aux demandes d’enquête sur les Biden. Dans une plainte unique dans l’histoire et faite de bonne foi, le lanceur d’alerte se dit troublé par ces abus de pouvoir qui menacent autant la sécurité nationale des États-Unis que sa capacité de lutter contre l’ingérence étrangère dans le processus électoral.

La cohérence de Donald Trump est remarquable. En juin, il s’est dit ouvert à recevoir de l’aide d’une puissance étrangère pour sa réélection, même si ces actions sont illégales, comme l’avait rappelé la commission électorale fédérale. Une ligne de trop vient d’être franchie.

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