Francophones hors Québec: absurde front commun
Un des problèmes que soulève le protocole d’entente liant le Quebec Community Groups Network (QCGN) à l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario et à la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick, c’est qu’il s’inscrit dans cette hypocrite symétrie qu’impose le régime linguistique canadien aux minorités francophones hors Québec et à la majorité canadienne-anglaise qui, paradoxalement, est traitée comme une minorité à protéger au Québec.
Francophones hors Québec et anglophones québécois, même combat ! En soi, une telle affirmation apparaît comme une aberration, mais c’est exactement ce qu’on doit comprendre de cette entente qui amalgame deux situations bien différentes. Les deux groupes francophones tombent dans le panneau de cette fausse symétrie qui a contribué au recul du fait français au Canada.
Qui plus est, en vertu de cette entente qui vise à faire des langues officielles un enjeu des prochaines élections fédérales, les deux associations francophones ont accordé un droit de veto au QCGN sur les positions qui seront défendues, les trois groupes s’engageant à « être d’accord de façon unanime ».
Le combat que mènent les Anglo-Québécois contre la décision du gouvernement Legault de céder deux des trois écoles à moitié vides de la Commission scolaire English-Montréal (CSEM) à la Commission scolaire de la Pointe-de-l’Île montre de façon éloquente que leur situation n’est pas celle des francophones hors Québec. Au lieu de ce transfert, la CSEM a proposé de faire coexister élèves anglophones et francophones dans les mêmes écoles. Or, les francophones hors Québec ont lutté pour éviter cette coexistence, qui n’aurait pas manqué d’accélérer leur assimilation. C’est une preuve que de leur côté, les Anglo-Québécois ne craignent évidemment pas l’assimilation. En outre, dans bien des régions, les francophones hors Québec manquent cruellement d’écoles, les provinces se faisant tirer l’oreille pour reconnaître leurs droits, alors que les Anglo-Québécois en ont trop.
Comme le soulignaient dans nos pages des universitaires du reste du Canada, cette entente survient à un bien mauvais moment, alors que le Secrétariat québécois aux relations canadiennes et la Fédération des communautés préparent un sommet historique. À la suite des coupes sauvages de Doug Ford en Ontario, la population québécoise, spontanément, s’est montrée solidaire des Franco-Ontariens. Ce n’est pas de cet absurde front commun que nous avons besoin pour améliorer le sort des francophones hors Québec, mais d’une relation renouvelée entre cette minorité réellement menacée et les Québécois.