Éducation: un Québec fou de ses adultes

Lorsque Le Devoir a révélé cette semaine que la Commission scolaire de Montréal (CSDM) faisait valser 20 millions de dollars de surplus tirés de l’enveloppe de l’éducation aux adultes pour venir éponger les besoins abyssaux des élèves en difficulté, on a compris jusqu’à quel niveau s’abaissait le manque de considération pour un secteur de tout temps négligé malgré son aspect névralgique pour le Québec de demain.

Pour les connaisseurs de la FGA (formation générale des adultes), cette nouvelle venait confirmer une vieille intuition : oui, dans la colonne des chiffres, les besoins des uns valent plus que ceux des autres. Les adultes, comptant au Québec pour près du tiers de la clientèle effectuant des études de niveau secondaire, sont trop souvent absents des discours, des campagnes électorales, des politiques et plans d’action. Alors qu’on claironne sur tous les toits que l’éducation est LA priorité, en particulier pour ce gouvernement qui en a fait la colonne de son action politique, il faut reconnaître qu’au sein de la famille éducation, il y a des niveaux de priorités. À la CSDM, on pousse le concept de l’indolence plutôt loin : la FGA dispose de surplus qui pourraient venir soutenir sa mission cruciale, mais on la dépouille. Ce n’est pas du joli.

En guise de défense, la présidente de la CSDM, Catherine Harel Bourdon, entonne un refrain connu sur l’air de « Québec sous-finance les élèves en difficulté ». C’est un peu facile, et surtout, si on veut jouer à « mon secteur est plus sous-financé que le tien », l’éducation aux adultes est malheureusement en bien piètre posture. Une étude dont nous rendions compte en octobre révélait que le nombre de professionnels a chuté de 14 % en cinq ans à la FGA alors que les besoins de cette clientèle vulnérable vont croissant. Ces étudiants raccrocheurs ont eu le courage de retourner à l’école. Mais ils ont besoin qu’on les soutienne pour y rester.

Ce n’est pas une frivolité que d’en appeler à un peu plus d’égards à l’endroit de la FGA et de la formation professionnelle. L’enjeu préoccupant de la pénurie de main-d’oeuvre force les employeurs à tourner un regard attentif et avide vers ces secteurs de l’éducation, véritable pépinière. En outre, ils constituent la réponse naturelle et concrète à une véritable lutte contre l’analphabétisme. Le Québec a besoin d’une politique nationale d’éducation aux adultes. Le gouvernement de M. Legault, vendu à la cause éducation, nous semble un interlocuteur de choix.

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