Administration Plante: bilan acceptable
Il y a un an jour pour jour, « l’homme de la situation » détrônait Denis Coderre à la mairie de Montréal. L’élection de Valérie Plante fut accueillie comme une bouffée d’air frais et de renouveau à l’Hôtel de Ville. La mairesse n’a pas su conserver son élan, mais son mandat est encore bien jeune. Elle aura l’occasion d’imprimer sa marque lors de la présentation imminente du budget.
Les Montréalais n’ont pas gardé un souvenir heureux du premier budget de l’administration Plante. La chef de Projet Montréal avait affirmé en campagne qu’elle contiendrait la hausse des taxes municipales sous le seuil de l’inflation, une promesse brisée dans un fatras d’explications confuses. Ce n’est pas tant l’augmentation du fardeau fiscal, mais les justifications maladroites qui ont achevé d’une manière hâtive la lune de miel de Mme Plante avec ses concitoyens.
L’eau a coulé sous les ponts en un an. Mme Plante a concédé qu’elle avait bien mal communiqué la teneur de son premier budget. Pour le budget de l’an II, elle a promis que les taxes municipales n’augmenteraient pas au-delà du seuil de l’inflation. Il faudra voir si elle tiendra parole cette fois, mais, surtout, si elle sera en mesure de contenir la taille de l’appareil municipal.
À l’heure du premier bilan, Valérie Plante parle encore de l’ex-maire Denis Coderre comme s’il était une menace imminente dans une course serrée. Elle ne cesse de dénoncer l’aspect bling-bling de M. Coderre et son improvisation. Il est vrai que ses décisions à la sauvette à l’avantage des promoteurs, entre autres dans le fiasco de la Formule E et le réaménagement du parc Jean-Drapeau, ont causé du tort à la métropole.
Il faudrait en revenir et laisser Denis Coderre panser ses blessures d’ego. Valérie Plante est la mairesse de Montréal. Elle ferait mieux de défendre son bilan plutôt que de chercher la confrontation avec un adversaire qui ne fait plus partie du paysage municipal. Cet esprit revanchard ne sert pas sa cause.
Le bilan de Valérie Plante n’est pas si mauvais. La plupart de ses engagements sont réalisés ou en voie de l’être. Une analyse de Radio-Canada en arrive à la conclusion que l’administration Plante a tenu 14 de ses 28 promesses, tandis que 8 ont été tenues en partie. Projet Montréal s’attribue pour sa part un taux de réussite de 88 % au terme de sa première année au pouvoir. Les défis restent considérables.
Ceux qui pensaient naïvement que la mairesse autoproclamée de la mobilité réglerait les problèmes du transport à Montréal d’un coup de baguette magique n’ont qu’eux-mêmes à blâmer pour avoir cru à ce conte de fées. Même une ville de l’importance de Montréal ne possède pas tous les leviers politiques et financiers pour résoudre ces problèmes. Il faudra compter sur des engagements fermes de Québec et d’Ottawa pour soutenir le transport collectif et des politiques d’aménagement du territoire qui vont dans le sens du développement durable. L’administration Plante a fait un pas dans la bonne direction en faisant l’acquisition de 300 autobus hybrides. Mais à quoi serviront-ils s’ils avancent à pas de tortue dans ce chantier permanent qu’est Montréal ?
Des investissements structurants dans le développement d’une offre de tramway et l’expansion du métro seront nécessaires. À cet égard, Mme Plante pousse inlassablement son projet de ligne rose, bien qu’il n’y ait pas l’ombre du début d’un engouement pour ce projet à Québec.
La création d’un bureau de projet pour étudier la ligne rose fait diversion, mais elle ne rendra pas le choc de la réalité moins brutal au moment des choix. Le gouvernement Legault n’en veut pas, de cette ligne rose. L’administration Plante aurait intérêt à plancher sur des scénarios alternatifs et à tisser des alliances afin d’obtenir une nécessaire expansion du métro, sous une autre forme. Après tout, la ligne rose n’est pas la seule et unique avenue pour augmenter l’offre de transport collectif à Montréal. Un peu de pragmatisme ne nuirait pas dans ce dossier.