Barrette et l'intimidation: goujat et ministre

Quand il a fait le saut en politique, on décrivait déjà Gaétan Barrette comme un chat de ruelle aux manières frustes et aux propos parfois blessants. Comme un infatigable défenseur de la cause aussi, celle des médecins spécialistes. Ainsi, le ministre aurait usé et userait toujours d’intimidation. Y a-t-il quelqu’un pour se surprendre d’une telle allégation ? Ce qu’il faut craindre, c’est l’effet que le tempérament vindicatif de cet autocrate aura sur le fonctionnement du réseau de la santé.

Il y a deux ans, le gouvernement Couillard lançait le Plan d’action pour contrer l’intimidation. « Caractérisée par l’inégalité des rapports de force entre les personnes concernées », l’intimidation peut être verbale (« insulter, se moquer, ridiculiser, menacer ») ou sociale (« dénigrer, humilier, regarder de manière méprisante ou menaçante, isoler, exclure »), peut-on lire dans ce plan. Elle a pour but de « léser, blesser, opprimer ou ostraciser ».

En lisant cette description, il est facile de penser à Gaétan Barrette. Le ministre s’est comporté en goujat avec la critique péquiste en matière de santé, Diane Lamarre, qu’il a traitée avec un mépris consommé, la qualifiant d’« ignorante », d’« épileptique », d’« architecte du néant ». À une occasion, il s’est résigné à s’excuser à l’Assemblée nationale, ce qui a dû représenter pour lui une lourde épreuve.

Dans le réseau de la santé, on ne compte plus le nombre de personnes qu’il a « bousculées », selon ses termes. La semaine dernière, cinq organisations représentant des membres du personnel, les médecins et les gestionnaires du réseau dénonçaient « l’intimidation, le dénigrement et l’abus de pouvoir » dont faisait preuve l’omnipotent ministre.

La défense fournie par Gaétan Barrette pour expliquer son comportement passé est lamentable. Oeil pour oeil, dent pour dent : « Du langage ordurier, des quasi-menaces, moi, j’en ai eu aussi », a-t-il dit. Il faudrait qu’il nous dise la différence qu’il voit entre de vraies menaces et les quasi-menaces qu’il a proférées.

Certes, Gaétan Barrette a mis au pas les médecins. Mais du même souffle, il a accru leur mainmise sur les soins et a procédé à une centralisation inédite du système de santé. Comme il ne souffre pas la contradiction, il a transformé les gestionnaires du réseau en béni-oui-oui. Et il a aboli le poste de Commissaire à la santé et au bien-être, une institution indépendante qui aurait évalué ses réformes.

Les méthodes musclées de Gaétan Barrette peuvent produire certains résultats. Mais il faut s’inquiéter des effets à long terme de sa poigne despotique sur le système de santé.

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