Casse-têtes fédéraux
C'est confirmé. Pour la première fois depuis 1952, le gouvernement de la Colombie-Britannique sera minoritaire. Avec 43 députés, les libéraux ont raté la cible par un siège. Le Nouveau Parti démocratique en a récolté 41, laissant aux trois députés verts la balance du pouvoir.
Tous les votes exprimés lors de l’élection du 9 mai dernier ayant été comptés, les vraies négociations peuvent maintenant commencer. Le Parti vert (PV) joue serré, se donnant une semaine pour choisir son camp.
La première ministre Christy Clark estime avoir « la responsabilité d’aller de l’avant avec la formation d’un gouvernement », prenant acte du désir de changement des électeurs après 16 ans de règne libéral. Le Parti libéral n’a en effet obtenu que 40,36 % des voix, alors que le NPD a reçu 40,28 % des votes et le PV, 16,84 %. Le NPD promet cependant de la défaire à la première occasion, afin de former un gouvernement reflétant la volonté de la majorité. Pour gouverner plus de quelques semaines, l’un des deux partis doit cependant convaincre les verts, qui, en échange d’un appui durable, posent trois conditions : statut de parti officiel à la législature, réforme du financement politique et, le plus gros morceau, réforme du mode de scrutin pour favoriser un système proportionnel.
Le NPD et les verts sont à couteaux tirés après une campagne acrimonieuse, mais ils ont davantage en commun. Le chef néodémocrate, John Horgan, a déjà indiqué qu’il acceptait les conditions du chef des verts, Andrew Weaver. Il tient toutefois à ce que les électeurs puissent se prononcer sur toute réforme électorale par voie de référendum, ce que les verts jugent inutile.
Une association avec les libéraux serait contre nature pour les verts, qui s’opposent farouchement à des projets énergétiques sur lesquels les libéraux ont tout misé, en particulier le projet de barrage hydroélectrique Site C et l’expansion du fameux pipeline Kinder Morgan.
La pression est forte sur le PV pour qu’il refuse les avances libérales et s’allie au NPD. Si cela se concrétise, l’effet se fera sentir jusqu’à Ottawa. L’autorisation d’un pipeline donnant au pétrole albertain accès au Pacifique est un argument clé du premier ministre Justin Trudeau pour vendre, en particulier aux Albertains, sa vision d’une lutte contre les changements climatiques conciliant environnement et économie. Il a besoin de Kinder Morgan.
Pour le NPD, qui est en pleine course au leadership, ce ne serait guère mieux. Le possible arrêt de Kinder Morgan opposerait deux gouvernements néodémocrates, accentuant le fossé creusé au congrès de l’an dernier autour de l’exploitation des hydrocarbures et forçant les candidats à la direction à choisir entre prendre parti ou faire le pari de la réconciliation.