Un chef à Québec solidaire

Gabriel Nadeau-Dubois a confirmé, jeudi, sa candidature à l’investiture de Québec solidaire dans la circonscription de Gouin. C’est un chef de parti que l’on a vu, un politicien qui a une bonne idée de la direction qu’il veut imprimer à la formation politique.

Le personnel de la permanence de Québec solidaire, à Montréal, ne voulait pas rater ça. La conférence de presse était organisée par le parti et animée par sa relationniste. Tout juste si on n’a pas déroulé le tapis rouge.

Gabriel Nadeau-Dubois, qui vient tout juste de prendre une carte de QS, n’est pourtant pas encore élu. Il n’est que candidat à l’investiture et comme co-porte-parole. Osons espérer qu’un militant ne viendra pas jouer les trouble-fête en tentant sa chance à l’investiture. Dans cette éventualité, il y a tout lieu de croire que les services de la relationniste ne seraient pas fournis.

Au poste de co-porte-parole, Gabriel Nadeau-Dubois a toutefois de la concurrence : un dénommé Sylvain Lafrenière, qui se décrit comme « un solidaire par excellence ». Dans son cas à lui, il n’y a pas eu de conférence de presse.

Tout cela pourrait apparaître normal au Parti libéral, dont le chef a le dernier mot quant au choix des candidats. Mais à QS, on se targue de s’imposer les exigences démocratiques les plus élevées. Même au Parti québécois, qui a une longue tradition d’intervention du chef et de l’exécutif en faveur de candidats qu’ils favorisent, on sait sauver les apparences.

Cela dit, c’est avec aplomb que Gabriel Nadeau-Dubois a fait son entrée en politique partisane. Il s’était minutieusement préparé. Son allocution était claire, cohérente.

Indépendantiste et de gauche, le candidat a insisté sur l’importance de sortir du pouvoir la classe politique qui a gouverné le Québec « depuis 30 ans », qui a choisi le libre-échange et qui a fait du déficit zéro une obsession. Trente ans, c’est-à-dire depuis l’arrivée de Lucien Bouchard à la tête du PQ. Jacques Parizeau, pourtant libre-échangiste, semble être dans ses bonnes grâces.

Il a exposé des éléments de son programme politique. Il entend travailler au recrutement de candidats afin que QS forme « la plus solide équipe de son histoire ». Avec des candidats de valeur dans toutes les régions, a-t-il promis, lui qui a sillonné le Québec avec la tournée Faut qu’on se parle. Il veut moderniser le militantisme de QS — trop années 1970, s’est-il gardé de dire — en s’inspirant de l’organisation de Bernie Sanders sur les réseaux sociaux.

Enfin, le candidat a annoncé qu’il propose que QS et Option nationale (ON) fusionnent « dès maintenant », ce qui implique des « ajustements ». ON est un parti formé « d’indépendantistes sérieux qui ont le coeur à gauche et qui n’ont aucune envie d’un virage identitaire au Québec », a-t-il dit.

Gabriel Nadeau-Dubois ne prend pas QS tel qu’il est. Il en appelle à son véritable renouvellement. « Je crois à ce que ce parti-là peut devenir », a-t-il dit, c’est-à-dire une force politique de premier plan.

À son entrée en politique, Gabriel Nadeau-Dubois est apparu comme un politicien éloquent, réfléchi, méthodique. Mais un politicien somme toute traditionnel. On n’est pas dans le « faire de la politique autrement » à la Paul St-Pierre Plamondon, mais plutôt dans le « faire de la politique efficacement ». Ce n’est pas un simple candidat qui s’est présenté devant les médias, mais — les solidaires n’aimeront pas les mots — un leader, un chef.

Et puis, en promettant de jouer en équipe, il a eu ce mot qui a fait rire : « Je ne suis pas un P. K. Subban de la politique. » C’est vrai, P. K. Subban n’a jamais été capitaine de son équipe.

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