Un déraillement à éviter

C'était trop beau pour être vrai. Après des décennies d’inertie, un projet d’envergure pour dynamiser les transports collectifs voyait enfin le jour.

La Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) annonçait, le 22 avril, la construction d’un réseau de trains électriques automatisés (24 stations sur 67 kilomètres de Brossard à Sainte-Anne-de-Bellevue). Il s’agit d’un investissement de 5,5 milliards de dollars.

Relier l’aéroport Pierre-Elliott-Trudeau et le centre-ville de Montréal en train ? On n’y croyait plus tellement les politiciens ont multiplié les promesses brisées à ce sujet au fil des ans.

Le moment d’émerveillement a vite cédé place à la critique. Que fait la CDPQ dans la planification et l’exploitation des transports collectifs ? Pourquoi privilégier le développement dans l’ouest de l’île ? Et l’est de Montréal ne mérite-t-il pas, lui aussi, sa part d’investissements ? Sans parler des quartiers centraux de Montréal…

À première vue, ces inquiétudes sont légitimes. C’est le rôle des élus de défendre et de faire avancer les intérêts de leurs concitoyens.

Ces réactions offrent cependant un condensé de tout ce qui ne va pas en matière de transports collectifs dans la région de Montréal. Le tiraillage politique entre roitelets locaux a généré tantôt de mauvais projets, tantôt l’absence de projets.

Le plus grand impair de la CDPQ, c’est d’avoir présenté un train à faire rêver là où d’autres sociétés de transport n’offrent rien de mieux que la stagnation ou la décroissance.

La Société de transport de Montréal observe béatement son achalandage régresser. L’Agence métropolitaine de transport a dilué son capital de sympathie dans le train de l’Est, un projet de 730 millions qui profite à 6500 passagers quotidiennement. Depuis le prolongement du métro à Laval, en 2007, ce train nommé scandale, qui roule à 40 % de sa capacité jusque dans la lointaine contrée de Mascouche, est le seul projet d’envergure achevé dans la grande région de Montréal. Le seul.

Les gestionnaires de ces sociétés et les politiciens qui tirent les ficelles n’ont qu’eux à blâmer pour l’absence de planification ou, encore pire, le développement à la mode de l’esprit de clocher.

Il ne faut pas attendre le prochain cycle électoral, en 2017 au Québec, pour lancer le chantier de la CDPQ, au risque de le voir torpiller par les velléités politiques.

 

Il faut mettre ce train sur les rails, et vite, ne serait-ce que pour provoquer un effet d’entraînement.

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