Le défi de la générosité

On le répète depuis des mois. Le flot de Syriens fuyant leur pays représente la plus grande crise de réfugiés depuis la Deuxième Guerre mondiale. Plus de 4,8 millions d’entre eux sont dans les pays limitrophes et près de 8 millions, déplacés dans leur propre pays. Impossible de rester indifférent devant ce drame, et le Québec et le Canada ne l’ont pas été.

Comme le souhaitaient les libéraux fédéraux, 25 000 réfugiés syriens ont foulé le sol canadien entre la fin novembre et le 1er mars. Au Québec, 5307 réfugiés ont été accueillis en date du 6 mars dernier.

La mobilisation des différents gouvernements et des citoyens devra toutefois se poursuivre. Le gouvernement fédéral a annoncé mardi les niveaux d’immigration pour 2016, et il prévoit l’arrivée de 10 000 réfugiés syriens de plus, parrainés par le gouvernement, d’ici la fin de 2016. Mais pas question d’oublier les réfugiés originaires d’ailleurs. Il compte donc en parrainer entre 14 000 et 15 000 et prévoit qu’entre 15 000 et 18 000 autres seront pris en charge par des groupes privés.

En fin de compte, une fois prises en considération toutes les catégories de personnes protégées, c’est jusqu’à 57 000 réfugiés que le Canada recevra en 2016, près du double de l’an dernier. Cette générosité est louable, mais malgré l’effort remarquable consenti depuis des mois, il y a eu des ratés qu’il faut corriger.

Un exemple. La pénurie de logements à prix abordable dans des villes comme Toronto, Vancouver et même Halifax a créé des goulots d’étranglement. En date de mardi, 38 % des familles, surtout celles plus vulnérables et moins instruites parrainées par l’État, étaient encore logées dans des hôtels ou de l’hébergement temporaire, retardant l’inscription des enfants à l’école ou encore celle des parents à des cours d’immersion linguistique — quand ceux-ci sont offerts. Au Québec, le problème se pose moins parce que la plupart des réfugiés sont pris en charge par des groupes privés, souvent des parents, qui n’ont qu’une famille à loger.

Le gouvernement fédéral prend le problème au sérieux, dit-on. À preuve, 10 % des familles ont trouvé un toit au cours des deux dernières semaines. Mais les prochains réfugiés devront-ils poireauter à leur tour dans des hôtels ? Et ceux qui ont absolument besoin de cours d’immersion, passer des semaines sans rien comprendre de ce qui se passe autour d’eux ?

Il est vrai qu’ils n’arriveront pas 200 à la fois, ce qui atténuera la pression, mais il faut s’assurer que les ressources nécessaires à leur installation en temps opportun et à leur intégration soient au rendez-vous.

À voir en vidéo