Code caduc

Le bilan routier des automobilistes s’est beaucoup amélioré ces dernières années, passant sous la barre des 400 décès. Il y a de quoi se réjouir. Pendant ce temps toutefois, celui des cyclistes s’aggrave. De 2008 à 2013, le nombre de morts dues au vélo a crû de 17,3 %. Le printemps a été particulièrement funeste.

La mutation du Code de la route, en 1981, en Code de la sécurité routière a été un des éléments importants dans la baisse graduelle du nombre de décès sur les routes, en dépit d’une croissance continue du parc automobile. Cette transformation des règles fondamentales a contribué à un processus lent de changement de culture, lequel, aujourd’hui, nous fait considérer comme des horreurs certains comportements banals de jadis. Exemple : rouler vite, en fumant, sans ceinture de sécurité, avec « quelques petites bières » dans le corps et avec six enfants empilés à l’arrière de la voiture non attachés.

Il faut continuer à faire évoluer notre culture des transports afin de mieux protéger, systématiquement, cyclistes et piétons, et afin qu’un principe de prudence se développe, que la route ne soit plus considérée comme l’empire absolu des automobiles et des camions. L’opposition officielle le réclamait la semaine dernière. Un des porte-parole, Sylvain Pagé, député péquiste de Labelle, a raconté avoir récemment demandé l’arrêt d’un chantier dans sa circonscription : on construisait un carrefour giratoire sans avoir pensé aux piétons ni aux cyclistes !

L’anecdote illustre ce qu’il y a à changer dans notre culture des transports. Le ministre Robert Poëti, et c’est encourageant, a promis des changements à l’actuel Code. Dès son arrivée en poste, il a mis sur pied une consultation, promettant un projet de loi au printemps.

Ce projet est bien aussi urgent que d’autres, comme l’élargissement d’une autoroute à Québec (ville qui a déjà un des ratios les plus élevés de kilomètres d’autoroutes par habitant… et dont le réseau de transport en commun est déficient). En avril, le coroner Jean Brochu, après avoir enquêté sur la mort de trois cyclistes à Montréal en 2013, réclamait des changements en profondeur à un Code qui, selon lui, est si mal adapté à la croissance rapide de la pratique cycliste que d’autres morts lui paraissaient inévitables.

Dans son mémoire déposé le 14 août, Vélo Québec va plus loin : le Code, rédigé à une époque où les pistes cyclables étaient à peu près inexistantes, doit entièrement être refondu. C’est une vision « automobile » qui le sous-tend, où le vélo est considéré comme un loisir ou un « jouet pour les enfants ». La nouvelle situation et le changement de culture nécessaire impliquent une modification audacieuse, allant au-delà de simples amendements.

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