Fin de récréation financière - Les zigzags
On exagérera à peine en avançant que la fin de la récréation financière aux États-Unis a été officialisée lors du transfert de la direction de la Réserve fédérale (Fed) des mains de Ben Bernanke à celles de Janet Yellen. En effet, lors de la première réunion présidée par cette dernière les membres de la Fed ont voté à l’unanimité, du jamais-vu depuis 2011, la réduction de l’injection de capitaux à raison de 10 milliards par mois. On se souviendra que le recours à l’achat massif de bons du Trésor et de titres adossés aux hypothèques avait été commandé en 2008 car les banques ne se prêtaient plus entre elles, et non plus aux entreprises. Bref, la Fed s’était transformée en une banque de dernier recours.
La fin de la récréation évoquée a été sonnée, il n’est pas vain de la souligner, au lendemain du discours sur l’état de l’Union par Barack Obama au cours duquel celui-ci a annoncé une augmentation du salaire minimum des employés du gouvernement fédéral. Des milliers d’individus seulement bénéficieront d’ici 2016 d’un taux horaire avoisinant les 10 $. Mais le président espère qu’ils seront bientôt des millions à cause des pressions qui découleront inévitablement de sa politique sur le monde des affaires et l’arrivée de… Yellen à la Fed !
Dans sa volonté clairement affichée de réduire les écarts de revenus, il se trouve effectivement qu’en Yellen, le chef de l’exécutif aura un allié de poids. Car à la différence de ses prédécesseurs, Bernanke et Alan Greenspan, la nouvelle patronne de la Fed incline davantage pour le combat contre le chômage que la lutte contre l’inflation. Son parcours professionnel, mais aussi universitaire loge à l’enseigne d’une guerre constante contre la destruction d’emplois.
Cela souligné, sa marge de manoeuvre sera passablement encombrée par les adversités. Si elle maintient le taux directeur proche de 0 % pendant plusieurs mois, elle court le risque, ce faisant, de favoriser l’émergence de bulles, notamment immobilière. Si elle hausse le loyer de l’argent, elle court le risque de casser une reprise qui, pour l’instant, demeure poussive. En fait, si on a bien compris le dilemme auquel elle et ses collègues banquiers centraux sont confrontés, tout doit être fait pour qu’il y ait un regain d’inflation pour la bonne et terrible raison que les uns et les autres ne savent pas comment tuer la déflation.
Yellen en est là, alors que le président vient de s’engager par ailleurs, lors de son discours de cette semaine, à poser tous les gestes qu’il juge nécessaires pour réduire les écarts de richesse. Et ce, sans demander son avis au Congrès, à la Chambre des représentants plus exactement qui se complaît dans l’opposition systématique. En un mot, les zigzags politiques sont à l’horizon.