Et l’économie…
Où donc se trouve le Parti libéral du Québec ces jours-ci ? Bien sûr, à la commission parlementaire qui étudie la charte de la laïcité, où ses députés essaient, plutôt mal que bien, de se tirer du débat sur le port du tchador. Bien mauvaise rentrée politique pour ce parti qui, pourrait-on dire, « s’est fait passer sur le corps » par les autres partis cette semaine.
Ce mauvais départ de l’opposition libérale sert bien le gouvernement Marois, mais encore plus la Coalition avenir Québec de François Legault qui, ces derniers jours, aura volé au Parti libéral son titre d’opposition officielle. La position adoptée sur la charte de la laïcité lui facilite les choses, ayant choisi d’être plus observateur qu’acteur, ce qui lui permet d’intervenir dans d’autres dossiers.
Deux fois cette semaine, le chef caquiste a soulevé des questions d’intérêt financier et économique pour lesquelles on aurait attendu une intervention du « parti de l’économie », titre que récoltait autrefois le Parti libéral. Sauf qu’il n’y a plus au sein de cette formation de porte-parole crédibles en ces matières depuis le départ de l’ancien ministre des Finances, Raymond Bachand. Pour sa part, la CAQ a François Legault dont l’autorité et l’expérience financière et économique ne sont pas à mettre en cause. Puis il y a Christian Dubé, critique en matière de finances publiques, issu comme son chef du monde des affaires.
Ainsi, la CAQ aura tiré les marrons du feu mercredi en appelant le gouvernement Marois à réagir dans le dossier de la gouvernance du Fonds de solidarité. Il suffisait d’écouter, même d’une oreille distraite, le témoignage de Guy Gionet à la commission Charbonneau pour mesurer l’urgence d’une réaction. Les révélations de cet ex-cadre supérieur du Fonds quant aux interventions préférentielles de militants syndicaux ayant des liens avec la mafia auront terni encore plus cette institution. Ce que recherche avec justesse la CAQ est de protéger une organisation essentielle au développement économique.
Tout aussi à propos est l’invitation lancée par François Legault au ministre des Finances d’utiliser une moitié des 548 millions supplémentaires de péréquation que recevra le Québec en 2014-2015 pour abolir la taxe santé pour les contribuables ayant des revenus de moins de 45 000 $ au lieu de tout mettre à la réduction du déficit. L’objectif de la CAQ est sans doute moins d’obtenir du gouvernement un tel cadeau aux électeurs dont elle pourrait s’attribuer le mérite que de le forcer à élargir le débat à d’autres questions que la charte de la laïcité. Eh oui, il n’y a pas que la charte ! Il y a aussi l’économie, qui n’est pas le moindre problème du Québec.
Ce texte fait partie de notre section Opinion. Il s’agit d’un éditorial et, à ce titre, il reflète les valeurs et la position du Devoir telles que définies par son directeur en collégialité avec l’équipe éditoriale.