Rapport sur la tablette à l’école - Les risques de l’iPad

«Prise de risque nécessaire » : voilà la formule lénifiante des auteurs du rapport « L’iPad à l’école : usages, avantages et défis », Thierry Karsenti et Aurélien Fievez, déposé le 9 décembre.

 

Chose certaine, après lecture de ce rapport, nul n’aura de mal à comprendre qu’il y ait « risque ». Source de distraction préoccupante au dire de nombreux professeurs et élèves, l’outil serait au surplus peu utile à l’écriture — on mentionne entre autres les « lacunes de la tablette tactile pour les tâches d’écriture ». Ce n’est pas tout : les iPad sont beaucoup utilisés pour Facebook et très peu… pour la lecture. Sur dix « activités réalisées » en classe avec la tablette, la lecture vient… au dernier rang des plus fréquentes ! Après « réaliser des travaux scolaires », « recherche Internet », « utiliser des jeux », « prendre des notes de cours », « agenda », « communiquer avec les pairs », « faire des projets », « étude et révision » et « audio-vidéo »…

 

On entend déjà des praticiens technophiles protester en disant que cela ne reflète nullement leur réalité. Or, l’enquête, conduite par M. Karsenti, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les TIC en éducation à l’Université de Montréal, est quasi exhaustive. Il y a « quelque 10 000 élèves du Québec qui utilisent de façon quotidienne l’iPad en salle de classe », et les chercheurs en ont questionné 6057. Ils ont aussi sondé 302 enseignants.

 

De plus, les auteurs, ultra-prudents, sont loin d’adopter un ton technophobe. Le mot « problème » est même pratiquement banni de leur vocabulaire ; l’iPad ne présenterait que des « défis ». Ils prônent au reste une attitude « technoréfléchie ». Parfois, ils laissent transparaître leur inquiétude. Sur la lecture et l’écriture, notamment, deux activités qui ne sont quand même pas à négliger à l’école (permettez la litote !).

 

MM. Karsenti et Fievez dressent évidemment une liste des avantages de l’iPad en classe. L’accès à des informations sur Internet et le développement de compétences informatiques sont principalement vantés par les utilisateurs. Évidemment, la tablette, en stockant des manuels numérisés, diminue aussi le poids du sac d’école. Formidable.

 

La « prise de risque » est-elle pour autant nécessaire ? Peut-être pas. Peut-être à partir d’un certain âge seulement. Surtout lorsqu’on sait que de nombreux patrons des entreprises phares du numérique — Google, Apple, Yahoo, Hewlett-Packard, etc. — envoient, eux, leurs enfants à la Waldorf School of the Peninsula de Silicon Valley, laquelle bannit les écrans et favorise l’usage du crayon et des tableaux noirs !

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