Fin de rabaska - Le dossier est clos

Un imbroglio autour d’un bail hydrique aura fini par cryogéniser le projet de port méthanier Rabaska déjà cliniquement mort et dont la résurrection apparaît, heureusement, impossible.
 

 

L’ancien ministre Daniel Breton a célébré l’affaire de manière ostentatoire au salon bleu jeudi, après que le ministre Yves-François Blanchet eut déclaré que le dossier Rabaska était « clos » et que les terres visées retourneraient au zonage agricole. M. Breton, qui, comme militant, avait farouchement combattu Rabaska, s’était réservé le plaisir de poser la question « plantée » au sujet du bail. Celui-ci permettait au promoteur et à ses partenaires - Gaz de France, Enbridge et Gaz Métro - de conserver des droits sur une partie du fleuve et des rives dans l’optique éventuelle de construire leurs installations.

 

Le promoteur s’est montré outré jeudi de la décision du gouvernement. Mais il n’est pas sans reproche. Le bail octroyé par décret en 2008 contenait une clause limpide : il devait signifier à l’État avant décembre 2012 son intention de prendre « possession des lieux loués ». Or, le promoteur a mis presque un an après l’échéance à manifester son désir de « régulariser la situation » ou de « renégocier un nouveau bail ». N’aurait-il pas dû, dès septembre 2012, avertir le nouveau gouvernement - dont l’engagement était de mettre fin au projet ? Étonnant.

 

Malgré cet engagement, plusieurs, dont M. Breton, trouvaient que le gouvernement tardait à passer à l’action. L’affaire du bail lui aura servi à planter le dernier clou dans le cercueil. Le premier ayant été l’effondrement du prix du gaz, en raison de l’exploitation des schistes au sud.

 

L’appui du gouvernement Charest à Rabaska fut marqué par une opiniâtreté presque louche compte tenu de sa proximité avec les intérêts du gaz. (Des conseillers faisaient la navette d’un camp à l’autre ; il défendit le projet du Suroît ; eut un engouement immodéré pour les gaz de schiste, etc.) Et le dossier Rabaska, qui consistait au fond à acheminer du gaz russe aux États-Unis, fut entaché dans son processus : le rapport du BAPE, favorable, avait été dénoncé ; la Commission de protection du territoire agricole, contournée. Le départ de Thomas Mulcair, ministre de l’Environnement, fut en grande partie lié à son opposition à ce projet qu’il estimait trop risqué pour être situé à cet endroit.

 

Évidemment, on peut comprendre que le député local, Christian Dubé (CAQ), se désole de la situation. Mais comme il a commencé à le faire en conférence de presse vendredi, il vaut mieux désormais échafauder de meilleurs projets de développement pour sa circonscription de Lévis.

Ce texte fait partie de notre section Opinion. Il s’agit d’un éditorial et, à ce titre, il reflète les valeurs et la position du Devoir telles que définies par son directeur en collégialité avec l’équipe éditoriale.

À voir en vidéo