Universités - Pourquoi se diviser?
Jeudi, la Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec, mieux connue sous son acronyme CREPUQ, se penchera sur sa survie. Et peu donnent cher de sa peau. Dans ses rangs actuels, on y compte des recteurs très fâchés, peut-être un peu divas, d’autres las des querelles, d’autres qui se disent ma foi, si on en est rendus là...
Mais à l’extérieur, c’est l’étonnement, «un désastre pour le réseau universitaire», comme le signalait dans Le Devoir de lundi Michel Gervais, lui-même ancien recteur de l’Université Laval. Tout à leurs querelles, exacerbées par le printemps érable puis par les compressions gouvernementales, c’est comme si certains ne voyaient plus clair.
Les tensions entre les établissements (forcément en concurrence puisque leur financement est basé sur le nombre d’étudiants qui les fréquentent) n’ont quand même rien de nouveau. Et pourtant, au fil de ses 50 ans d’existence, la CREPUQ a su développer une expertise, une analyse et des services devenus indispensables aux universités.
C’est sa conscience de partager des intérêts et des besoins communs qui en fera d’ailleurs la force. En 1988 par exemple, la CREPUQ récupérera l’évaluation des nouveaux programmes universitaires, qui relevait jusque-là du Conseil des universités (instance aujourd’hui disparue et que le gouvernement Marois entend faire revivre). Le Conseil ne tenait pas assez compte des besoins et des ressources des universités dans son évaluation des programmes. En collaborant au sein de la CREPUQ, les universités sont arrivées à développer des manières de faire beaucoup mieux adaptées à leur développement.
C’est un exemple, il y en a d’autres. Car le mode de financement des universités, de tout temps grand vecteur de division entre elles, n’est pas le seul enjeu qu’elles ont à faire valoir. Est-on en train de l’oublier dans les universités?
Dans un Québec qui n’est pas encore convaincu que l’avenir appartient aux sociétés qui miseront sur l’excellence en s’appuyant sur une population scolarisée, capable de réfléchir, de découvrir, de raffiner, de développer, qui parlera globalement pour les établissements universitaires si la CREPUQ disparaît? Les syndicats de professeurs, les associations étudiantes? Ils ont des choses à dire, mais leur regard est partiel et partial.
Chaque université préfère s’exprimer en son nom propre? Le gouvernement, qui contrôle plusieurs des règles du jeu qu’elles ont en partage, doit se frotter les mains! Plus de lobby collectif pour les pousser dans le dos, toute la glace pour favoriser les unes au détriment des autres, les favoris changeant au gré des partis au pouvoir. Vraiment, grosse victoire...