Rio+ 20 - Une grande déception

La grand-messe environnementale qu’est Rio+20 se termine aujourd’hui. D’entrée de jeu, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, avait dit de cet événement qu’il était « trop important pour échouer ». Ce ne sera pas un échec sur toute la ligne. Il y aura une déclaration finale qui, comme il se doit, parlera de progrès, mais déjà on sait qu’elle sera très largement en deçà des attentes.

On espérait que ce sommet soit l’occasion d’une grande mobilisation autour des grands enjeux environnementaux, comme l’avait été le sommet de Rio de 1992. Un vaste plan d’action pour la planète avait été adopté, dans lequel se retrouvaient des engagements concrets sur des enjeux tels que les changements climatiques, la biodiversité et la désertification. On était reparti de Rio en pensant pouvoir changer le monde.


Vingt ans plus tard, l’enthousiasme n’est plus là. Les consensus n’ont pas tenu, mis en cause par une minorité de pays qui ont le pouvoir de tout bloquer. Rejeton de Rio 1992, la mise en oeuvre effective de l’accord de Kyoto est ainsi toujours entravée par l’exigence, posée par les plus importants pays émetteurs, que tous les signataires l’appliquent.


Le fait que le président Obama, le premier ministre britannique Cameron, la chancelière allemande Angela Merkel ne soient pas présents aujourd’hui à Rio pour l’adoption de la déclaration finale en dit beaucoup. Leur attention, comme celle de la plupart des pays développés, est ailleurs. Atteints ou menacés par la crise économique et financière, seule prime pour eux la relance de l’économie. Ce court terme occulte chez eux les enjeux environnementaux. Que la planète soit en péril leur importe peu, car ils n’arrivent pas à concevoir qu’il puisse y avoir une limite à la croissance de l’économie.


Rio+20 ne sera pas l’occasion de donner le solide coup de barre attendu. Le projet de déclaration finale comporte trop d’« insuffisances », selon le mot du président français François Hollande. Entre autres, signalons l’absence d’engagements fermes des pays à intégrer dans une « économie verte » les coûts environnementaux et sociaux, ce qu’a notamment déploré le premier ministre Jean Charest. Le refus de créer une Organisation mondiale de l’environnement, qui, placée sous l’égide des Nations unies, aurait fait contrepoids à l’Organisation mondiale du commerce. Puis l’absence de calendrier. Faute d’entente, presque tout est renvoyé à 2015.


Ce sommet aura montré à quel point s’opposent des visions antagonistes de l’avenir de la planète. Des visions qui en 20 ans, au lieu de se rapprocher, se sont éloignées. Là est la plus grande déception de cette rencontre.

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