Gouvernement Harper - More of the same

Une fois n'est pas coutume. On nous permettra donc d'utiliser en titre de ce bloc-note cette expression anglaise qui résume bien le mini-remaniement ministériel effectué hier par le premier ministre Stephen Harper. Et, pourquoi pas, de souligner ainsi l'unilinguisme de Peter Kent qui hier était le point focal de la cérémonie d'assermentation à titre de nouveau ministre de l'Environnement.

Il n'y a pas lieu en effet d'attendre de l'arrivée d'un nouveau titulaire à l'Environnement de changement de politique. Si des premiers ministres profitent parfois de telles occasions pour corriger le tir dans un dossier controversé, ce ne sera pas le cas ici. Stephen Harper a été clair. En toutes choses, son gouvernement entend «garder le cap». On peut le croire puisque Peter Kent est le cinquième ministre en cinq ans à être nommé à l'Environnement. Tous ses prédécesseurs ont maintenu sans coup férir le discours et les politiques du gouvernement conservateur, notamment dans le dossier des gaz à effet de serre.

Dans ce dossier des GES en particulier, le gouvernement Harper n'a jamais voulu de cibles contraignantes de réduction des émissions, et il n'en voudra pas plus demain. Bien sûr, il pourra prétendre que tout cela est à l'étude, puisque le Canada a signé le mois dernier l'entente de Cancún qui relance un processus de négociations multilatérales. Il faut voir là une tactique qui permettra aux conservateurs de continuer à ne rien faire.

S'il en avait été autrement, le premier ministre aurait choisi un autre ministre que Peter Kent. Un ministre bilingue, capable de venir au Québec faire valoir une volonté nouvelle de s'attaquer au dossier des changements climatiques pour ainsi se rapprocher de l'électorat québécois qui est en attente de l'adoption de cibles contraignantes.

Les impératifs qui ont conduit Stephen Harper à choisir Peter Kent sont autres. Ils relèvent de la stricte stratégie électorale. Les gains que les conservateurs ont besoin de réaliser lors de l'affrontement qui se profile à l'horizon ne se feront pas au Québec, mais en Ontario, tout particulièrement dans la région de Toronto. Il a besoin de porte-parole crédibles, d'où le choix de Peter Kent, qui représente une circonscription en banlieue nord de Toronto, ThornHill, puis de Julian Fontino, nommé hier au cabinet à titre de ministre responsable des Aînés. Celui-ci a arraché la circonscription de Vaughan aux libéraux lors d'une récente élection partielle. Le premier ministre jure que ses pensées sont à gouverner, pas à préparer une possible campagne électorale. Ne le croyons pas trop.

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bdescoteaux@ledevoir.com

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