Négociations en enseignement - Demi-ouf!

Une entente de principe est intervenue en fin de semaine dernière entre une portion des enseignants du primaire et du secondaire et la partie patronale. L'heure est-elle aux réjouissances? Disons-le d'entrée de jeu: le tiers des professeurs du Québec (membres de la Fédération autonome de l'enseignement) demeurent loin d'un règlement et prévoient même une journée de grève le 8 juin! La carte scolaire du Québec pourrait donc être divisée en deux factions: ceux qui ont réglé, et ceux qui n'ont pas réglé. Ceux qui ont obtenu ceci, et ceux qui ont obtenu cela.

La Fédération des syndicats de l'enseignement estime quant à elle trouver dans ce règlement de quoi se frotter les mains. Depuis des lustres, ses membres font valoir le caractère invivable des classes «méli-mélo» composées d'enfants en difficultés de tous genres, sans soutien suffisant. L'entente confirme la volonté du gouvernement de diminuer encore davantage le ratio maître-élèves dans les groupes.

Il y a là toutefois bien peu de vrai «neuf»: le ministère de l'Éducation avait déjà annoncé son intention de réduire la taille des classes. Le gouvernement ajoute bel et bien une enveloppe de 20 millions de dollars pour soutenir l'intégration des élèves en difficulté dans les classes, mais cet ajout financier sera retiré sitôt que la baisse de ratio touchera les groupes de 1e et 2e secondaires, en 2013-2014.

Les enseignants affirment toutefois avoir été entendus. Les baisses de ratio, dont l'effet mirobolant n'a pas été véritablement démontré, ne peuvent pas être inutiles. Mais sur le coeur de l'affaire, soit la pertinence d'intégrer comme on le fait les élèves en difficulté aux classes ordinaires, rien n'a été réglé. Les deux parties affirment avoir une meilleure compréhension des enjeux dont elles débattaient déjà — avec beaucoup plus d'acrimonie — en 2005, mais elles ont convenu de ne pas en faire un objet de négociation dans l'espoir d'être en mesure de discuter plus tard de ce dossier avec philosophie, loin des stratégies de négociation.

La discussion est donc reportée à l'automne! Cela s'ajoute au lot de sujets «chauds» — droits de scolarité, viabilité des commissions scolaires — déjà inscrits à l'agenda de ce grand rendez-vous de l'automne annoncé par la ministre de l'Éducation.

À elle seule, la question des élèves en difficulté pourrait nourrir un seul forum: comment repère-t-on ces enfants? Quelles sont les limites de leur intégration à des classes ordinaires? Qu'est-ce que cette fameuse «contrainte excessive» fixée par la loi pour définir les limites de l'intégration par rapport à ses bienfaits? C'est dans cet échange qu'il faudra un jour mener avec franchise que gît le coeur du problème des élèves en difficulté et, corollaire intime, des conditions de travail des enseignants.

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machouinard@ledevoir.com

Correctif du 3 juin: Une erreur s'est glissée dans l'éditorial. C'est le montant alloué à l'ajout des 200 nouveaux enseignants ressources qui disparaItra en 2013-2014 et non pas, comme nous l'avions compris, l'ajout de 20 millions destinés à l'intégration des élèves en difficulté. Nos excuses.

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