La fin mathématique
Chez les républicains, les jeux sont faits: le sénateur John McCain défendra leurs couleurs lors de la présidentielle de novembre. Chez les démocrates, Hillary Clinton a obtenu un sursis en remportant les primaires de l'Ohio et du Texas, mais à moins d'un renversement profond des tendances observées depuis le Super Mardi, il est plus que probable que Barak Obama sera l'adversaire de McCain. Pour faire court, les chances que Clinton mette Obama K.-O. sont quasi nulles d'un point de vue mathématique. Reprenons.
Il y a trois semaines à peine, les sondages accordaient à Clinton une avance de 20 % sur Obama au Texas et en Ohio. Au terme du scrutin, le sénateur de l'Illinois avait presque comblé cet écart au Texas et réduit de moitié celui afférent à l'Ohio. Grâce à cette remontée, Obama dispose aujourd'hui d'une avance là où ça compte: il a près de 90 délégués et superdélégués de plus que Clinton.Sans se perdre dans les méandres électoraux, soulignons que Hillary Clinton est condamnée, selon les forts en calcul, à rafler 60 % des suffrages de toutes les primaires qui se tiendront d'ici la mi-juin. Bref, elle est confrontée à une mission impossible.
Au sein de l'establishment du Parti démocrate, les mandarins peinent à cacher une appréhension. Bien conscients que les chiffres donnent l'avantage (pour ne pas dire la victoire) à Obama, ils craignent que si la course se poursuit jusqu'en juin, la division ne s'installe durablement dans la demeure démocrate. Et ce, pour la plus grande satisfaction d'un McCain qui, fort de sa victoire d'avant-hier, a tout le loisir de passer à une autre étape: poser, se présenter comme un chef d'État et non plus comme un aspirant républicain parmi d'autres.
Signe des temps, tous les initiés aux humeurs du clan Clinton disent ce dernier en proie à de profondes divisions intestines. Les uns reprochent aux autres d'avoir mal administré le financement de la campagne. Les premiers reprochent aux seconds d'avoir eu trop souvent recours aux attaques déloyales. On l'aura deviné: la dispute est bien ancrée.
Cet état de choses explique, en partie du moins, la volonté affichée de Hillary Clinton de convaincre l'état-major démocrate de changer, à son avantage évidemment, certaines des règles qu'il avait arrêtées. On se souviendra que pour punir les barons démocrates du Michigan et de la Floride qui avaient décidé de devancer la tenue de leurs primaires, les mandarins avaient indiqué que leurs délégués ne seraient pas comptabilisés. Clinton, Obama et John Edwards avaient convenu de ne pas faire campagne dans ces États. À la dernière minute, Clinton a réduit sa promesse à un mensonge en laissant son nom sur les bulletins, en se rendant sur place.
Grâce à ce détournement de parole qui frise l'escroquerie, Clinton a remporté ses primaires pendant que, derrière les rideaux, ses conseillers s'activaient et s'activent toujours à convaincre les bonzes du parti. C'est aussi malséant qu'inélégant.