Mise au ban
La mort du numéro deux des FARC Raul Reyes, tué en fin de semaine par l'armée colombienne, a eu pour conséquence immédiate la mise au ban de la Colombie par toutes les nations sud-américaines. Seul chef d'État de ce continent à se réclamer de la droite conservatrice, Alvaro Uribe est en effet plus isolé que jamais. Spécifions que Reyes a été liquidé en territoire équatorien.
Aussitôt le fait d'armes des Colombiens connus, le président de l'Équateur, Rafael Correa, a ordonné la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays. Histoire de ne pas être en reste, son homologue vénézuélien Hugo Chávez a expulsé l'ambassadeur colombien en plus de commander, en amateur de bruit de bottes, le déploiement de dix bataillons et d'un certain nombre d'avions. Ce geste militaire, Chávez l'a justifié en ces termes: «Ne vous avisez pas de faire de même sur ces terres, car ce serait un casus belli, un motif de guerre.»À la suite de ces gestes et menaces, les leaders de l'Argentine, du Chili, du Brésil et autres se sont empressés de critiquer Uribe et de lui demander des comptes. En France, très concernée par le cas Ingrid Betancourt, le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner a qualifié de «mauvaise nouvelle» le décès de Reyes car il était l'interlocuteur, le négociateur en chef.
Exposé à ce concert de critiques exprimées parfois avec emphase, parfois avec sobriété, le président colombien a rétorqué en annonçant qu'une plainte serait déposée auprès des tribunaux internationaux. Son argument principal? Dans l'ordinateur du numéro deux des FARC, les cracks en informatique de Colombie ont trouvé la preuve d'accointances douteuses.
Selon ces derniers, Chávez aurait versé 300 millions dans les coffres des FARC. Qui plus est, Reyes aurait été en contact avec le ministre équatorien de la sécurité. Ce dernier n'a pas nié l'information mais a tenu à affirmer que cette relation s'articulait strictement autour des questions humanitaires. Quoi d'autre? Les FARC auraient fait l'acquisition de 50 kg d'uranium dans le but de fabriquer «une bombe sale». Il n'en fallait pas moins pour que la disquette de Reyes soit traitée «d'usine à mensonges».
Cela étant, entre les effets de manche des uns, les menaces des autres, sans oublier évidemment le coup de force réalisé par les Colombiens, il est difficile de discerner le vrai du faux. On sait qu'outre la France, la Suisse et l'Espagne ont indiqué avoir été en contact avec Reyes afin d'en arriver possiblement à un accord sur la libération d'otages. Et alors? Il est probable qu'Uribe ait décidé de porter un grand coup afin d'affaiblir des FARC sans se soucier une seconde du sort de Betancourt et des autres prisonniers.